Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/105

Cette page n’a pas encore été corrigée

qui est assez étrange, que soutiennent beaucoup de ceux qui croient que le capital occupe le travail et paie les salaires.

Notre but est de résoudre le problème auquel on a donné tant de réponses contradictoires. En établissant clairement ce qu’est réellement le capital, et à quoi il sert, nous avons franchi une première et importante difficulté. Mais ce n’est qu’un premier pas. Récapitulons et continuons.

Nous avons vu que la théorie courante qui fait dépendre les salaires du rapport entre le nombre des travailleurs et la somme de capital consacrée à l’emploi du travail ne s’accordait pas avec ce fait que les salaires et l’intérêt ne s’élèvent pas et ne baissent pas inversement, mais conjointement.

Cette contradiction nous ayant conduits à examiner les fondements de la théorie, nous avons vu qu’au contraire de l’idée courante, les salaires ne sont pas pris sur le capital mais viennent directement du produit du travail pour lequel on les paie. Nous avons vu que le capital n’avance pas les salaires, ne soutient pas les ouvriers, mais que ses fonctions sont d’aider le travail engagé dans la production en lui fournissant des outils, des semences, etc., et la richesse nécessaire pour poursuivre des échanges.

Nous sommes donc irrésistiblement conduits à des conclusions pratiques assez importantes pour justifier la peine prise pour les rendre sûres.

Car si les salaires sont pris, non sur le capital, mais sur le produit du travail, les théories courantes sur les rapports du capital et du travail sont invalidées, et tous les remèdes proposés soit par des professeurs d’économie politique, soit par des hommes travaillant, pour diminuer la pauvreté en augmentant le capital, ou en diminuant le nombre des ouvriers, ou en réduisant la production, doivent être condamnés. Si chaque ouvrier en accomplissant son travail crée réellement le fonds dont est tiré son salaire, les salaires ne peuvent