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en général on trouvera que les moyens grossiers de production et d’échange qui naissent parmi les populations éparses des nouveaux pays, sont le résultat non pas tant du manque de capital, que de l’incapacité où l’on serait de l’employer d’une manière profitable.

Et de même que, quelque soit la quantité d’eau qu’on verse dans un seau il n’y entre que ce qu’il peut contenir, de même on n’emploie pas comme capital une quantité de richesse plus grande que ce que nécessitent les moyens de production et d’échange qui, étant données certaines conditions, intelligence, habitudes, sécurité, densité de population, etc., conviennent le mieux au peuple. Et je suis porté à penser que, règle générale, ce capital s’obtient toujours, que l’organisme social secrète la somme nécessaire de capital comme l’organisme humain dans des conditions de santé secrète la graisse nécessaire.

Mais si la quantité de capital limite jamais les forces productives de l’industrie et fixe ainsi un maximum que les salaires ne peuvent dépasser, il est évident que la pauvreté des masses dans les pays civilisés ne vient pas de la rareté du capital. Car non seulement les salaires n’atteignent nulle part la limite fixée par les forces productives de l’industrie, mais les salaires sont relativement les plus bas là où le capital est le plus abondant.

Les instruments de production excèdent évidemment dans les pays les plus progressifs, l’usage qu’on en fait, et une perspective quelconque d’emploi rémunérateur attire plus de capitaux qu’on n’en demande. Non seulement le seau est rempli, mais encore il déborde. Cela est si évident que non seulement les ignorants mais encore les économistes de réputation, attribuent la crise industrielle à l’abondance des instruments de production et à l’accumulation du capital ; et l’on regarde la guerre destructrice du capital, comme une cause de réveil du commerce et d’élévation des salaires, idée qui indique une grande confusion de pensée à ce sujet, et que soutiennent, ce