Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/103

Cette page n’a pas encore été corrigée

reuse que sur le premier champ de bataille furent cuits et mangés trois cents prisonniers ; Hongi préluda au principal repas en enlevant et en avalant les yeux, en suçant le sang chaud de son adversaire mortellement blessé, le chef de la tribu ennemie[1]. Mais aujourd’hui que leurs guerres autrefois constantes ont cessé, et que les descendants des Maoris ont adopté les habitudes européennes, il y en a parmi eux qui ont et emploient des capitaux considérables.

Ce serait également une erreur que d’attribuer les modes simples de production et d’échange, qui existent dans les nouvelles communautés, simplement à un manque de capital. Ces modes qui demandent de petits capitaux sont en eux-mêmes grossiers et inefficaces, mais quand on considère dans quelles conditions se trouvent ces communautés, ces modes se trouvent en réalité les plus efficaces. Une grande manufacture avec tous les perfectionnements nouveaux, est l’instrument le plus efficace qu’on ait jamais inventé pour transformer la laine ou le coton en étoffe, mais seulement là où il faut fabriquer de grandes quantités. Les vêtements nécessaires à un petit village seront faits avec bien moins de peine par le rouet et le métier à bras. Une presse perfectionnée imprimera, en n’occupant qu’un homme, plusieurs milliers d’exemplaires alors qu’un homme et un enfant n’en imprimeraient qu’une centaine avec une presse Stanhope ou Franklin ; et cependant pour faire une petite édition d’un journal de province, la vieille presse sera la machine la plus convenable. Pour transporter de temps en temps deux ou trois passagers, un canot est un instrument meilleur qu’un bateau à vapeur ; un cheval de somme transportera quelques sacs de farine avec une moins grande dépense de travail qu’un train ; mettre un grand stock de marchandises dans un petit magasin sur une route de traverse menant aux grandes forêts non défrichées, ce serait gaspiller le capital. Et

  1. La Nouvelle-Zélande et ses habitants, par le Rév. Richard Taylor. Londres, 1855. Chap. XXI.