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ou une machine à coudre à la squaw d’une Tête-Plate, ce ne serait pas ajouter à l’efficacité de leur travail. Qu’on leur donne n’importe quelle autre chose et on n’ajoutera pas plus à leur capital, car toute richesse autre que celle qu’ils sont habitués à employer comme capital, sera consommée ou dissipée sans profit. Ce n’est pas le manque de semences et d’outils qui empêche l’Apache et le Sioux de cultiver le sol. Si on leur en fournissait, pour que cela produise quelque chose, il faudrait en même temps les empêcher de vagabonder, et leur apprendre à cultiver la terre. Si, dans la condition où ils sont actuellement, on leur donnait tout le capital d’une ville comme Londres, ce capital cesserait simplement d’être capital, car ils n’en emploieraient qu’une partie infinitésimale à s’équiper pour la chasse, et ne chasseraient même pas, tant que la partie bonne à manger du capital répandu sur eux, ne serait pas consommée. Le capital dont ils ont besoin, ils s’arrangent pour l’acquérir, et parfois malgré les plus grandes difficultés. Ces tribus sauvages chassent et combattent avec les meilleures armes que peuvent leur fournir les factories anglaises et américaines, elles sont au courant des dernières améliorations. C’est seulement si elles se civilisaient qu’elles chercheraient à acquérir d’autres genres de capital employés par les nations civilisées, ou que ces genres leur seraient d’un usage quelconque.

Pendant le règne de George IV, quelques missionnaires ramenèrent de la Nouvelle-Zélande en Angleterre, un chef nommé Hongi. Son extérieur noble, ses beaux tatouages attirèrent l’attention, et quand il repartit pour son pays, le monarque et quelques sociétés religieuses lui donnèrent une quantité considérable d’outils, d’instruments agricoles et de semences. Le chef reconnaissant employa ce capital à produire de la nourriture, mais il s’y prit d’une manière à laquelle n’avaient guère songé ses hôtes anglais. À Sydney, à son passage, il changea tous les présents contre des armes et des munitions, et arrivé chez lui il commença contre une autre tribu une guerre si heu-