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Hilaire en ajoutait un beaucoup plus récent. Dans la guerre de Crimée, feu le docteur Baudens, inspecteur général du service de santé de l’armée, ayant lu l’ouvrage de M. Geoffroy Saint-Hilaire, avait vivement recommandé la viande de cheval. D’après ses conseils, les deux batteries d’artillerie de la division d’Autemarre, campée à Baïdar, se nourrirent de chevaux réformés et n’eurent pas à le regretter : elles furent épargnées par la mortalité et les maladies qui sévissaient si cruellement dans le reste de l’armée, Ce fait est constaté dans un rapport officiel adressé à Son Ex. le Ministre de la Guerre. « Quand ma lutte contre un vieux préjugé — ajoutait notre savant confrère, avec un légitime orgueil, — n’eût produit et ne dût jamais produire que ce seul résultat, je devrais m’estimer heureux de l’avoir entreprise. »

En faisant entrer cette importante question dans la voie expérimentale, M. Decroix a réalisé un progrès. Non-seulement, depuis un an, il s’est nourri presque exclusivement de viande de cheval, mais il en a fait manger à une grande quantité de personnes appartenant à toutes les classes de la société, principalement à la classe pauvre. Et il n’a trouvé nulle part cette répugnance que l’on avait supposée. Il se propose d’organiser prochainement un banquet, où les membres de notre Société qui voudront y assister, pourront apprécier la saveur et la valeur alimentaire de la viande de cheval.

Vous avez désigné, Monsieur le Président, une Commission chargée d’examiner la communication faite par M. Decroix. Cette Commission s’est réunie, le 8 de ce mois. À cette première séance assistaient, M. le docteur Blatin, M. Leblanc, M. le baron Larrey, M. Decroix, M. de Lavalette, M. Jules Delbruck, M. Boncompagne et M. Crompton.

M. le docteur Blatin a lu quelques pages détachées d’un ouvrage qu’il se propose de publier prochainement, pages dans lesquelles il traite la question au point de vue des idées protectrices. La Commission a pensé que ce fragment devait précéder, dans notre Bulletin, le travail de M. Decroix.

Abordant le fond de la question, tous les membres de la Commission se sont trouvés d’accord pour penser que l’introduction de la viande de cheval dans l’alimentation publique serait un fait de la plus haute importance, et qu’en soustrayant le cheval aux mauvais traitements qu’il subit, quand il est devenu vieux et infirme, l’usage de manger sa chair ne