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ginaire et fictive, comme celle d’un billet de banque ou d’un diamant, mais bien une valeur réelle, effective, ayant pour but de satisfaire le plus pressant et le plus constant de nos besoins, celui de notre alimentation.


V

Je croirais manquer à un devoir, si je n’ajoutais un mot à l’adresse des armées en campagne.

Pour la grande famille militante de toutes les parties du monde, famille composée d’hommes dans la force de l’âge, exposés fréquemment à toutes les intempéries, appelés à supporter de grandes fatigues, la viande de cheval, qu’on le sache bien, est meilleure, plus nourrissante que celle de jeunes bœufs, dont la chair pâle, molle, tient trop de celle du veau. Bien des fois, en expédition, j’ai pu comparer l’une à l’autre, et certainement l’avantage est pour la viande de cheval, sous le rapport de la valeur nutritive. Je ne prétends pas, bien entendu, qu’un morceau de cavale vieille, maigre, épuisée par les fatigues et les privations, soit aussi agréable au palais, aussi tendre à la dent que celui d’un bœuf bien engraissé et bien reposé ; mais, dans ces mauvaises conditions même, le cheval donne un bon bouillon et un bouilli dur, mais très-nourrissant. Eh mon Dieu ! en campagne, ne mange-t-on pas quelquefois du biscuit, quoique le pain de deuxième qualité soit préférable ?

À mon avis, on doit livrer à la consommation de préférence aux bœufs épuisés qui suivent les armées, tous les chevaux auxquels il arrive des accidents graves : — éventrations, fractures, etc., — ceux qui sont blessés mortellement ; ceux qui sont affectés de boiteries intenses et incurables ; enfin, ceux atteints de lésions accidentelles de nature à les rendre impropres au service après guérison. Voici une autre ressource qui n’est pas à dédaigner en certains moments. Souvent, pendant les guerres, des animaux sont tués sur place, sans presque perdre de sang. On pourrait craindre que leur chair, mal saignée, fût insalubre et d’une digestion difficile. C’est une erreur ! Elle est un peu plus foncée en couleur, moins belle à la vue ; elle donne un peu plus d’écume ; voilà tout. Si les approvisionnements font défaut, ou s’ils sont