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LES PRÉJUGÉS

CONTRE L’USAGE ALIMENTAIRE DE LA VIANDE DE CHEVAL

Par M. DECROIX,
Vétérinaire en premier de la Garde de Paris, secrétaire-adjoint.

I

Il n’y a guère de séance où quelque membre de notre Société n’élève la voix pour signaler les brutalités, les privations, les misères de toute sorte, qu’ont à subir les chevaux que l’âge et les infirmités ont rendus à peu près impropres à tout service. Cent fois des cœurs compatissants ont protesté, dans cette enceinte, contre l’ingratitude dont sont victimes les animaux qui se sont épuisés pour nous procurer des plaisirs ou pour satisfaire nos besoins. Un de nos collègues, M. le docteur Blatin, nous a tracé le récit lamentable des souffrances qu’ont à endurer, avant d’être sacrifiés dans les clos d’équarrissage, les malheureux chevaux, auxquels, à la fin de leur carrière, on retranche les aliments parce qu’ils ne peuvent plus travailler, et qui ne peuvent plus travailler parce qu’ils meurent de faim.

Le meilleur moyen de mettre un terme à un si navrant spectacle, c’est délivrer à la consommation, comme animal de boucherie, tout cheval qui ne pourrait plus rendre de bons services. Cette idée n’est pas neuve, je le sais : elle a été exprimée bien souvent dans notre Société, notamment par MM. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, Blatin, Couturier de Vienne, Munaret, et par d’autres ; malheureusement elle a rencontré des obstacles, et elle tarde beaucoup à porter ses fruits. Les efforts tentés jusqu’à ce jour pour répandre l’hippophagie chez nous n’ont pas été couronnés de succès ; mais ce n’est pas une raison pour se décourager ; au contraire, il faut persévérer, avec un redoublement d’ardeur, jusqu’à ce que le but soit atteint. Toute vérité utile doit s’attendre à passer par mille épreuves, avant d’être mise en pratique.