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avec désespoir les dards qui le brûlent et qui font couler son sang. C’est à faire frémir les cœurs les plus tranquilles. Il éventre encore des chevaux, franchit une seconde fois la barrière, pour frapper, dans le couloir, ses adversaires qui s’y sont blottis, puis rentre dans l’arène. Domingo l’aborde et lui plonge sa longue épée entre les deux épaules. Mais l’animal secoue ses flancs et fait sortir l’épée de la profonde blessure. Domingo la ramasse et l’enfonce à la naissance des vertèbres. Le taureau tombe, les quatre sabots en l’air, aux applaudissements frénétiques de la foule[1].

Lorsque, malgré toutes les attaques et les blessures, le taureau n’entre pas assez en fureur, ou qu’épuisé par la souffrance et la lutte impuissante, il ne cherche plus à combattre, on lâche sur lui des chiens de bouchers qui le déchirent[2]. Alors il se réveille, avec des mugissements effroyables de rage et de désespoir ; il

  1. Journal des Débats, 8 août 1860.
  2. « Un autre recours tout aussi cruel, en cas de lâcheté de la part de l’animal, c’est l’entrée de la meute. Ces petits dogues féroces se jettent sur le taureau, se pendent en grappe après lui. »
    (Charles Yriarte, Le monde illustré, 30 mai 1868.)