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les flancs un éperon long de plusieurs pouces, aiguisé comme un poignard. Le pauvre animal fait quelques pas, haletant, tandis que de sa large blessure les entrailles s’échappent et lui battent les jambes. Il se traîne ainsi jusqu’à ce qu’il tombe, pour ne plus se relever. »

Les banderilleros, armés de flèches garnies de frisures en papier découpé, voltigent autour du taureau, le harcelant, lui clouant dans l’encolure et les épaules ces dards à crochet, souvent garnis de pétards dont la morsure et le bruit exaspèrent sa fureur. Alors s’avance Salamanquino, tenant d’une main une épée longue, à large tranchant, et de l’autre, un petit drapeau d’étoffe écarlate, qu’il agite aux yeux de l’animal pour l’exciter davantage et tromper sa fureur. Ce sont les passes de la mort.

Le taureau se précipite, tête baissée, et reçoit dans le cou l’épée jusqu’à la garde. Il bondit, tourne convulsivement sur lui-même, plie les jarrets et tombe. Un toreador de bas étage, « quelque chose comme le valet du bourreau, » vient, par derrière, lui donner le coup de grâce, en lui tranchant la moëlle épinière avec un stylet poignard.

Au bruit des acclamations et des fanfares, les