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face : on jouit des coups portés et reçus et des convulsions de la mort.

Les vrais amateurs — aficionados — et même les simples habitués, hommes et femmes, établissent une sorte de statistique, en marquant, avec une épingle, les coups de pique et les estocades, les chutes des hommes à cheval, le nombre des bêtes ou gens mortellement frappés, sur de petites cartes-programmes achetées à l’entrée du cirque et portant le nom du taureau, son âge et les couleurs de la bouverie plus ou moins célèbre qui l’a vu naître[1]. On peut dire, avec M. Davillier, que presque toutes les piqûres faites dans ces cartons correspondent à autant de trous dans la peau d’un taureau, ou dans celle d’un cheval, et quelquefois aussi dans celle d’un homme.

Aux incidents les plus tragiques de la lutte, des femmes ardentes, enthousiastes, témoignent leur émotion par des applaudissements, des gestes, des cris. Il en est même, et dans toutes les

  1. Au moment de sortir du toril, pour porter l’irritation à son comble, on lui enfonce dans l’épaule gauche, avec un fer aiguisé en hameçon, une touffe de rubans, aux couleurs de son propriétaire. — Alexandre Dumas. (De Paris à Cadix)