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si mal employé, si stérile de ces bouchers élégants, et l’enthousiasme de la foule, il n’en souhaite pas moins la suppression de ces drames abrutissants. Loin de désespérer de voir pénétrer, en Espagne, comme ailleurs, les sentiments de compassion envers les animaux, l’horreur des joutes barbares où tant de victimes succombent, il fixe à ce progrès une date prochaine, en s’exprimant ainsi :

« Lorsque la tranchée qui se fait du côté des Pyrénées aura ouvert un chemin aux nations, bien des préjugés seront modifiés ; la raison fera valoir ses droits ; alors peut-être les Espagnols se surprendront-ils, à désirer comme nous, la fin de ces spectacles ; peut-être penseront-ils que la vue du sang inutilement versé, fût-il celui d’un pauvre cheval ruiné, est un divertissement barbare, qui, pendant des siècles, a pu être la satisfaction d’un instinct, mais qui n’a plus aujourd’hui sa raison d’être. Ce jour-là, les combats de taureaux auront vécu[1]. »

Ce jour-là, pourrais-je ajouter aussi, soyez sûrs qu’on ne verra plus le poignard ou le couteau catalan servir de dénouement à la moindre

  1. L’Union médicale, septembre 1862.