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réprouvés par le Pape. Croyante, mais aveuglée par sa passion funeste, elle s’y livre, tantôt pour célébrer un avènement au trône, la naissance ou le mariage d’un prince ; tantôt en l’honneur d’un saint vénéré.

Dans le premier cas, ce sont les courses royales, où les fonctions de picadores sont remplies par de pauvres gentilshommes de noblesse bien reconnue, doublés, en cas d’accident, par des toreros de profession. Dans le second cas, les rôles sont partagés entre les membres de plusieurs confréries laïques. À Grenade, en 1853, des affiches indiquant le but spécial de ces courses y conviaient le public ; et, comme ces confrères — toreros amateurs — n’étaient pas du métier, ils sollicitaient l’indulgence des assistants.

C’est à la fête de Notre-Dame del Pilar, à Saragosse, une des imposantes solennités du royaume d’Aragon, qu’ont été données, le dimanche, 26 octobre 1862, les courses où l’on a tué trente-deux taureaux et compté deux victimes humaines ; où la foule, avide de sang et non satisfaite, s’est fait rendre les billets pour le spectacle suivant.

Par quelle aberration les Espagnols osent-ils