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et zébraient le sable de zig-zags intermittents, qui trahissaient l’inégalité de sa démarche. Enfin il vint s’abattre près des tablas. Il releva deux ou trois fois la tête, roulant un œil bleu déjà vitré, retirant en arrière ses lèvres blanches d’écume, qui laissaient voir ses dents décharnées. Sa queue battit faiblement la terre, ses pieds de derrière s’agitèrent convulsivement et lancèrent une ruade suprême, comme s’il eût voulu briser de son dur sabot le crâne épais de la mort…

« J’insiste sur l’agonie de ce cheval, parce que c’est la sensation la plus pénible que j’aie éprouvée aux combats de taureaux[1]. »

Les cavaliers sont garantis aux jambes, aux cuisses, jusqu’au ventre, par des bottes bardées de tôle épaisse, matelassées et couvertes de peau de buffle ; leur pied est emboîté dans un large étrier à la turque qui le protège. Sont-ils renversés, le corps du cheval qu’ils montent leur sert de bouclier ; d’ailleurs ils sont promptement secourus. L’agilité, l’adresse de ceux qui combattent à pied peuvent les soustraire au danger qu’ils affrontent volontairement.

  1. Voyage en Espagne, page 91.