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qui me semblaient être braves sans péril, et ne pas courir des dangers suffisants pour expliquer leur barbarie[1]. »

M. Fée, professeur à la Faculté de médecine, à Strasbourg, qui a longtemps observé les mœurs de l’Espagne, pendant qu’il remplissait, auprès de l’armée française, les fonctions de chirurgien, écrivait, en 1859, dans une excellente notice : « Les hommes n’excitent aucun sentiment d’intérêt. Cet intérêt repose tout entier sur les animaux destinés à une mort douloureuse, inévitable[2]. »

Tout admirateur qu’il est des prouesses espagnoles, M. Théophile Gautier n’en exprime pas moins sa pitié pour un de ces muets martyrs, un cheval qui vient de recevoir le coup mortel sous ses yeux, et dont il peint éloquemment l’agonie : « Le pauvre animal abandonné à lui-même se met à traverser l’arène en chancelant, comme s’il était ivre, s’embarrassant les pieds dans ses entrailles. Des filets de sang noir jaillissaient impétueusement de sa plaie,

  1. Bulletin de la Société protectrice des animaux, 1859, page 390.
  2. Idem, 1860, page 29.