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un taureau était aveuglé de fureur, blessé en vingt endroits par les lances, les banderilles ; … il éventra quatre ou cinq chevaux, dont les yeux étaient bandés, les oreilles bouchées, et qui ne pouvaient ni fuir ni se défendre. Le dernier, étendu par terre, les entrailles sorties, conservait encore un souffle de vie… On relève la bête à force de coups… Comme elle est gênée, dans son pas chancelant, par ses intestins pendants auxquels se mêlent des lambeaux ensanglantés de peau et de chair, on repousse violemment une partie des entrailles dans le ventre, et d’un coup de couteau on se débarrasse du reste. Le cheval va tomber ; on le retient, on le raffermit, on l’épaule de chaque côté… Le picador, avec quelques précautions, l’enfourche de nouveau. Alors on ramène le taureau qui fond sur la victime et la renverse en l’éventrant une seconde fois. Pour le coup, le cheval était bien mort, et je m’en sentis soulagé ; sans cela les bourreaux l’auraient encore poursuivi dans son agonie.

« Au milieu des massacres dont j’ai été le témoin, indigné, j’en étais arrivé à garder toute ma compassion pour les animaux seuls, tant j’étais soulevé contre les hommes de l’arène,