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« Ces jeux ne sont attrayants que par le côté du péril et de la souffrance… On a vu le taureau soulevant des toréadors avec ses cornes, les lancer dans les airs… pour les laisser retomber sur le sol de l’arène, meurtris, broyés, expirants, et joignant un cadavre d’homme aux cadavres des bêtes… Prétendra-t-on qu’il est inouï que le taureau ait franchi les barrières destinées à défendre la foule, et porté l’effroyable péril de sa rage parmi les spectateurs épouvantés ? Si ce malheur est rare, demandez à vos souvenirs si vous n’avez pas vu ou entendu raconter quelques-uns de ces accidents sinistres ? Demandez à l’Espagne si ce sont des chimères ; l’Espagne qui, presque chaque année, dans ces jeux homicides, voit périr plusieurs combattants ; Espagne qui, pour attester qu’elle croit aux dangers même mortels de ces jeux homicides, place près du cirque, au moment du spectacle, un prêtre avec les saintes huiles, pour administrer ceux que les taureaux auraient frappés d’un coup sans espoir. Demandez enfin à tous les historiens qui se sont occupés d’enregistrer les catastrophes de nos modernes amphithéâtres, et vous saurez combien d’agonies se sont mêlées à l’ivresse de ces sanglantes fêtes,…