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KÉNED-KENTR


Kéned, s. f., beauté : dér. du mbr. quen « beau », cymr. cain, vbr. cein, vir. cáin, ir. et gael. caoin id. : soit peut-être une base celt. *koi-ni-, état fléchi de la rac. SKI > KI, « briller, reluire », qui se retrouve dans le got. skei-n-an (ag. to shine, al. scheinen, etc.).

Kénep, adj. f., (jument) pleine : préf. *ken- et *ep = celt. *epos « cheval ». V. sous *ke-, ébeul et kéfleùé.

Kéniterv, s. f., cousine. V. sous keṅderf.

Kenn, s. m., peau, cuir, crasse de la tête[1], corn. et vbr. cennen, cymr. cenn, ir. ceinn id. : d’un celt. *kenni-, qu’on peut rapprocher du visl. hinna « membrane » ou du visl. skinn = ag. skin[2] « peau ».

Keṅt, prép., avant, corn. kyns, cymr. kynn > cyn, ir. cét-amus « d’abord », etc., gaul. Cintu-gnato-s n. pr. « aîné », etc. Le même radical paraît signifier « nouveau » ou « dernier », selon qu’on l’envisage dans diverses langues : sk. kan-isthá « cadet », gr. ϰαινός (kainos) « récent », lat. re-cens, al. hint-er « derrière » et ag. be-hind, etc. : le sens primitif est donc « extrême »[3].

Keṅta, adj., premier : superlatif du précédent.

1 Keṅtel, s. f., leçon, cymr. cathl et cathl-edd « chant », ir. cétal id. : soit un celt. *kan-tlā ou *kan-tlo-[4]. V. sous kana.

2 Keṅtel, s. f., temps, heure (e keṅtel « à point ») : le même que le précédent, au sens de « mesure de chant », d’où « temps marqué, temps précis », etc.

Keṅtiz, adv., d’abord, aussitôt : contamination de keṅt et de *hastiz « hâtivement ». V. sous hast, atiz et astizein.

Keṅtr, s. f., éperon, ergot, cymr. cethr « clou », corn. center, vir. cinteir « éperon » : d’un celt. *ken-tri-, gr. ϰέντ-ρο-ν (kent-ro-n) aiguillon »[5], ϰεντέω (kenteô) « je pique » ; cf. gr. ϰαίνω (kainô) je tue », sk. (çnàth-a-ti) çnath-âya-ti « il perce », indiquant une base primitive KEN.

  1. Ainsi nommée en tant que « peau » morte.
  2. Suivant que tombe ou demeure l’initiale mobile.
  3. D’où « dernier » ou « premier », suivant qu’on envisage l’une ou l’autre extrémité de la série. Le vsl. cumule les deux sens : konĭcĭ « fin », et is-koni « depuis le commencement ».
  4. Soit donc primitivement « leçon de chant », mot propagé sans doute par les maîtrises des paroisses. Cf. pourtant lat. carmen « poésie », mot appliqué dès le temps de Cicéron à tous les morceaux à apprendre par cœur.
  5. D’où lat. centrum fr. centre, le point où l’on pique le compas, pour tracer la circonférence