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KAMMED-KANIBLEN

3 Kammed (T.), adv., jamais : identique à 1 kammed[1].

Kammel, s. f., crosse pastorale : dér. de 2 kamm.

Kampi, s. m., intérêt, usure. Empr. ital. cambio, « change, banque », lui-même du gaul. latinisé cambium. V. sous kemm.

Kampoulen (T.), s. f., boue : dér. du suivant[2].

Kampoull (C.), s. m., variante primitive de kamboull.

Kamps, s. f., aube du prêtre. Empr. lat. càmisia « chemise », et cf. hiviz.

1 Kân, s. m., chant : abstrait de kana. V. ce mot.

2 Kân, s. m., canal, tuyau, gouttière, cf. cymr. cawn « tuyau de paille » (vocalisme différent), ir. conn-all et gael. conn-l-ach id., gr. ϰάννα (kanna), « roseau, tuyau », lat. canna, d’où canālis « tuyau ».

Kañ, s. f., charogne, prostituée. Empr. fr. cagne « chienne » (injure)[3].

Kana, vb., chanter, cymr. canu, vir. canim « je chante », celt. *kan-ō, lat. can-ere, can-tu-s, etc., got. han-a « coq » (al. hahn, d’où henné « poule » = ag. hen) : rac KAN exclusivement celto-italo-germanique.

Kanab, s. m., chanvre. Empr. bas-lat. *canapis < cannabis, lui-même empr. gr. ϰάνναϐις (kannabis), cf. ag. hemp, al. kanf, vsl. konoplja empr. roman.

Kanaber, s. m., chardonneret : dér. du précédent.

Kanastel, s. f., buffet, armoire. Empr. fr. ancien canestel, de *canistellum, dimin. du lat. canistrum[4], lui-même empr. gr. ϰάναστρον (kanastron).

Kanastr, s. m., tuyau de chanvre ou de lin : dér. de 2 kân.

Kander, s. m., blancheur éclatante. V. sous 1 kann.

Kanel, s. f., bobine. Empr. fr. cannelle « petit tuyau ». Cf. 2 kân.

Kanévéden, s. m., arc-en-ciel : les deux premières syllabes équivalant à *kamb-nenvsuivi d’un suff., soit donc « courbe céleste », d’où « météore en forme d’arc ». V. sous 2 kamm et env.

Kaṅfard, adj., s. m., galant, débauché, polisson. Empr. fr. cafard, avec nasalisation épenthétique et forte altération de sens.

Kaniblen (V.), s. f., nuage : exactement « ce qui se forme au ciel, couvre le ciel » ; préf. *ka- ou *kan-. V. sous *ke- et oabl, et cf. koabr.

  1. De même que pas négatif fr. est identique au substantif pas, abstrait de locutions telles que il ne marche pas « il ne fait pas un pas » ; en d’autres termes, un mot qui ne servait qu’à renforcer la négation est devenu la négation elle-même. Cf. kèt, etc.
  2. Ce qui se trouve au fond d’un vallon ou d’une fosse.
  3. Contrairement à ce que ferait supposer la sémantique, l’étymologie indique que le premier sens est postérieur : il y a eu peut-être confusion des deux mots cogne et carogne, peut-être influence sémantique de goann qui étymologiquement n’a, bien entendu, aucune relation à kan. V. ce mot et cf. gan.
  4. « Corbeille », d’où « panier à vaisselle, égouttoir », etc., etc.