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BLOA-BÔD


Bloa, bloaz, s. m., an (aussi bloé V., etc.), cymr. blwydd, ir. bliadhain gael. bliadhna, vir. bliadain id. : soit un celt. *bleido-, sans aucun équivalent ailleurs[1]. Cf. 'blougorn, hévléné, warléné, etc.

Blôd, adj., tendre, mou, mbr. blot, ir. blàith < mlàith, soit respectivement celt. *mlo-ti- et *mlà-ti- « moulu ou susceptible de l’être ». V. sous bleùd, et cf. blé[2] et blougorn.

Bloc’h (V.), adv., totalement. Empr. fr. (en) bloc.

Blonek, s. m., saindoux, cymr. bloneg, mir. blonac, ir. blonog, bluinic, gael. blonag « graisse ». — Étym. inc[3].

Bloṅsa, vb., meurtrir : le br. fr. a un vb. blosser, qui pourrait être une contamination de blesser et crosser. Cf. blosein.

Bloṅtek, s. m., variante corrompue de 2 lontek.

Blosein (V.), vb., variante de blonsa. V. ce mot.

Bloué, s. m., peloton : pour ploué (attesté par Grégoire). Empr. fr. ancien ploi, « ploiement, objet sur lequel on ploie ».

Blougorn, s. m., bouvillon : pour *blôd-gorn, soit un celt. *mloto-korno- aux cornes tendres ». V. sous blôd et korn, et cf. bloa[4].

Blouc’h, adj., glabre, net : pour *plouc’h < *pelouc’h. Abstrait de Tempr. bas-latin, pïluccâre « épiler ». — Conj.

Bloui, vb., blâmer, mbr. blouhi, cf. cymr. blyngu « irriter », dér. de blwng = celt. *blungo- « irrité ». — Conj. Ern.

Boar (T., V.), adj., variante de bouzar. V. ce mot.

Boaz, s. m., coutume, cymr. moes, ir. et gael. beus, vir. bés, gaul. bēssus « habitude » : soit *beid-tu-, dér. de rac BHEIDH « croire » (gr. πείθ-ο-μαι, lat. fid-ês, etc.) ; ou *bend-tu-, dér. de rao. BHENDH « lier » (sk. badh-nâ-ti, al. bind-en, ag. to bind, etc.)[5].

Boku (C.), s. m., sorte de cormoran. Onomatopée (?).

Bôd, s. m., buisson, corn. bos : le mot est sûrement celt., bien qu’on ne lui

  1. Le rapprochement du germ. *glidan « glisser » (ag. to glide, al. gleiten) ne serait possible qu’en admettant i.-e. gh > celt. b.
  2. Si blé vaut *blez = cymr. blydd « mou », et si, malgré gr. βραδύς ; « lent », sk. mrdû « tendre » contient un l comme lat. mollis = *mld-vi-, c’est à cette souche qu’il faut le ramener.
  3. L’extrême similitude de tous ces mots les rend suspects d’emprunt d’un dialecte celtique à un autre.
  4. Suivant une élégante conjecture que me suggère M. Loth : *bloe(d)-gorn « dont les cornes sont de l’année, d’un an », cf. gœis.
  5. Le rapprochement avec got. banst-s « grange », mhal. banso « étable » (Wind., par une filière sémantique semblable à celle qu’accuse l’ai. mod. Wo/m-ung et Getcohn-heit), est extrêmement ingénieux, mais semble forcé.