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AZAOUAEZ-BABU


Azaouez, s. f., attention, égards, respect : équivaut à *az-evez « redoublement d’attention ». V. ces mots. — Conj.[1]

Azé, adv., ici : pour vase, de *muse = *man-se[2], qui remonte à un celt. *mageni sai « en ce lieu-ci », locution au locatif.

Azel, s. m., variante vieillie de ézel. V. ce mot.

Azen, s. m., âne, cymr. asyn. Empr. lat. asinus.

Azeûli, vb., célébrer un sacrifice, adorer, cymr. addoli « adorer », addawl « prière » : la forme du vb. sans préf. se trouve dans l’ir. âil-iu, âil-im, « je demande, je prie », soit un celt. *âliô « je prie », sans équivalent partout ailleurs[3].

Azéza, vb., s’asseoir, mbr. asezaff, corn. ysedha, cymr. assedu, cf. ir. seiss « il s’assit », préf. *ad-, et rac. SED « être assis » universellement indo-européenne : sk. sàd-ati « il s’assied », sâd-as « siège » ; gr. ἕδ-ος (hed-os) « siège », ἕζομαι (hezomai) « je m’assieds » ; lat. sed-ēre[4], sēd-ès, got. sit-an « être assis », ag. to sit, al. sitzen, lit. sèd-èti « s’asseoir », si. sed-a « je m’assiérai », et sèd-èti « être assis », etc., etc. Cf. aussi les articles annes, aé, éc’hoaz, huzel, neiz, aros, etc.

Aznaout, etc. V. sous anaout, etc.

Azoûg, adv., pendant : la locution azoùg ann deiz revient à dire « à port du jour », soit « tant que le jour le porte » ou « se comporte ». V. sous a et dougen.


B

Babouz, s. m., bave : exactement « bav-eux », avec un suffixe dérivatif en plus. Empr. fr. bave. Cf. baô et mormouz.

Babu, s. m., guigne : parait un mot de friandise enfantine passé dans la langue ; il y a une variante babi, et la merise dans le Maine se nomme babiole, cf. normand baguiole, et fr. ancien badeolier « sorte de cerisier ». Empr. fr. probable.

  1. Il est vrai que évez est s. m. Mais le genre a pu être changé parce que la majorité des noms en -ez étaient féminins. En fait, plusieurs noms en -ez ont du être primitivement masculins, puis passer au genre féminin.
  2. Pour l’initiale, se reporter à arïdècrek et ab. Le mot *mayen-i est le locatif du substantif qu’on trouvera sous amat. Le locatif *saù se rattache à *« e qu’on trouvera sous ann.
  3. C’est donc pur hasard si le mbr. azeuliff coïncide avec le lat. adôrare ou le fr. adorer, qui au surplus a pu et dû influer sur le sens.
  4. On observera toutefois que la tête d’article mot exclusivement brittonique, pourrait être aussi un empr. bas-lat. *assedére