Page:Henry - Lexique étymologique du breton moderne.djvu/52

Cette page n’a pas encore été corrigée
16
ARBOELL-ARC’HENNA

Arboell (C.), s. m., épargne, cf. cymr. arbwyll « prudence » : préf. ar- et poell. V. ces mots.

Ardamez, s. f., marque, étiquette, observation attentive : si ce dernier sens était le primitif, le mot pourrait signifier « action de diviser par fragments », d’où « analyse ». V. sous ar- et tamm. — Conj.

Arem, s. m., airain. Empr. fr. ancien arem < lat. aeràmen dér. de aes.

Argad, s. m., huée : d’un celt. *are-katu- « [cri] qui précède la bataille ». V. sous ar- et kadarn.

Argaden, s. f., attaque, razzia : dér. du précédent.

Argarzi, vb., avoir en répugnance, en horreur : le sens littéral est « considérer comme une ordure ». V. sous ar- et karz.

Argil, s. m., recul : d’un celt. *are-kulo- « dans la direction du dos ». V. sous ar- et kîl[1].

Argoat, s. m., la Bretagne intérieure, forestière, en opposition au littoral ou Arvor. V. sous ar- et koat.

Argoured, s. m., foret : suppose un dér. celt. *are-ko-writ-o-, où la rac. (à l’état réduit) est WERT « tourner ». Cf. lat. vert-ere. V. les préfixes ar- et *ke-, et gwerzid.

Argouroti, s. m. pl., dot, cymr. argyfreu pl., exactement « apports » : suppose un dér. celt. pl. *are-ko-br-ow-es, où la rac. (à l’état réduit) est BHER « porter ». V. sous ar-, *ke- et kémérout.

Argud, s. m., assoupissement : le sens primitif pourrait être « à l’ombre », d’où « sieste », du préf. ar- et d’un mot aujourd’hui perdu *kud, attesté par le mbr. cud-ennec « obscur » [2] (mais sans rapport avec le cymr. cyhudd « ombre »), dont au surplus l’origine est incertaine.

Arc’h, s. f., coffre, corn. et cymr. arch. Empr. lat. arca.

Arc’hant, s. m., argent, mbr. argant, corn. argant, cymr. ariant, ir. argat, airget, gaul. argenton, lat. arg-ent-u-m, sk. raj-at-à-m[3], cf. gr. ἄργ-υρο-ς (arg-uro-s).

Arc’henna, vb., chausser, cf. cymr. archen « soulier », archenu « chausser », vbr. archenatou « chaussures ». Origine inconnue (lat. ocrea « botte » avec métathèse ?), mais tout au moins vague rappel de l’idée de « revêtir de cuir » (préf. ar- et kenn).

  1. La formation est donc identique en celtique et en français.
  2. Cité au Gloss. Ern. p. 137, et cf. notre article kudon.
  3. Quelle qu’en soit l’origine indo-européenne, ce mot est donc très ancien et authentiquement celtique ; mais c’est par empr. fr. qu’il a pris eu outre le sens de « monnaie ».