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ACHU-ALC’HOUÉDER
Achu, adj., fini, mbr. achiff, abstrait du vb. mbr. achivaff « terminer ». Empr. fr. achever.


1 Ac’h (interjection), fi ! Onomatopée de l’action de cracher.


2 Ac’h, prép., de : forme ordinaire, notamment dans les locutions pronominales, du préf. celt. *eks- = lat. ex. V. ce mot.


Ac’houéz, adv., publiquement, cf. agouéz, mbr. a goez « à vue », cymr. yn-gwydd, ir. fiad fis (même sens), dont le second terme est un celt. *weid-os « vue » ; cf. gr. ϝεῖδος (weidos) εἶδος (eidos) « forme extérieure, aspect ». V. la racine sous gouzout, et cf. diskouéza.


Ac’hub, s. m., embarras, grossesse : abstrait du vb. ac’hubi « embarrasser », qui est emprunté au lat. occupāre.


Aiénen, s. f., source, mbr. eyen, paraît remonter, non sans une corruption inexplicable, à un adj. celt. *owen-io- « écumant ». V. sous éon.


Ainez, s. f., limande. Isolé. Étym. inc.


Al, forme de l’article défini, par assimilation, devant un mot commençant par l. V. sous 1 ann.


Ala, vb., vêler, mettre bas, aussi alein (V.), mbr. hallaff, cymr. alu. La variante éala ramène à éal. V. ce mot[1].


Alan, s. f., haleine, mbr. alazn, avec métathèse pour *anazl[2], corn. anal, cymr. anadl, ir. anal, gael. anail, qui tous procèdent d’un celt. *anatlā, dér. de rac. ANA (sk. áni-ti « il respire », etc.). V. sous anaoun.


Alar, s. m., variante dissimilée de arar. V. ce mot.


Alessé, adv., de là où tu es : simplifié pour *ann lec’h sé (mbr. alechse) « de ce lieu-là ». V. ces mots (1 ann et 1 léac’h).


Alfô, s. m., délire, cf. br. arfreu (V.). Empr. fr. affres « angoisses », affreux, etc., mais le mot altéré par transport de l’r en première syllabe, puis modifié sous l’influence de . V. ce mot. — Conj. Ern.


Algen, s. f., barbe de la coiffe. — Étym. inc. [3]


Alc’houéder, alc’houédez, s. m., alouette, mbr. ehuedez, huedez, qui subsistent encore actuellement dans (T.) echoueder et (V.) huide ; corn. ewidit, cymr. ehedydd, hedydd, uchedydd ; ir. uiseôg, fuiseôg, gael.
  1. Si toutefois il est permis de ne pas tenir compte de l’h initial mbr., qui fait difficulté ; autrement, l’étymologie est désespérée.
  2. Conservé encore dans le mot hanal ou hênal (V.) « baleine », où la prothèse de l’h est due à l’influence du français.
  3. Le sens, le genre et la phonétique séparent également ce mot de talgen « fronteau », auquel pourtant il ressemble de bien près.