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TRONS-TRUL


Troṅs, s. m., trousse, carquois. Empr. fr. altéré[1].

Trota, vb., trotter. Empr. fr., et cf. stroten[2].

Trouc’ha, vb., trancher, couper, cymr. trwch « mutilé » : soit un celt. *trokk-ō « je coupe », dér. d’une rac. de forme indécise, dont paraissent relever aussi lat. trunc-u-s et trunc-āre « mutiler », al. dringen « presser », lit. trènk-ti « pousser », vir. du-thraic « il désire ». — Très incertain.

Trousken, s. f., croûte qui se forme sur une plaie, cf. vir. trosc « lèpre » : dér. d’un radical *trousk-, qui n’apparaît nulle part mieux que dans le got. thrûts- « lèpre », et qu’on peut rattacher à gr. τρύ-ω « frotter » ou lit. tru-nè-ti « pourrir » ; soit donc un celt. *tru-sko- de sens indécis.

Trouz, s. m., bruit, cymr. trwst. Onomatopée probable.

Truaṅt[3], s. m., gueux, cymr. truan, « faible, calamiteux » : dér. de cymr. et mbr. tru « chétif », gaul. Trôgo-s n. pr., vir. trûag « malheureux » (et dér. trôg-ân, etc.) ; soit un celt. *troug-o-, de rac ; TRUG, gr. στρεύγ-ο-μαι « je suis en détresse », vsl. strug-ati « racler », etc. Cf. truez.

Trubard, adj., fourbe : contamination possible de deux empr. fr., soit truffer « tromper » (mbr. trufla) et fourber, avec finale dérivative.

Trubuḷ, s. m., affliction, mbr. tribuill, etc. : abstrait du vb. trubula « affliger » = '*tribul-ya[4], lequel est dér. d’un simple '*tribul, abstrait lui-même du radical de l’empr. fr. tribul-ation.

Truez, s. f., pitié, cymr. truedd « misère », vir. trôige, etc. : d’un celt. *troug-ya, « misère, commisération ». Cf. truaṅt et trugarez.

Trugarez, s. f., grâce, pardon, merci, corn. tregereth, cymr. trugaredd, vbr. tru-car-auc « miséricordieux », vir. trôcaire et gael. tròcair « compassion » : d’un composé celt. *trougo-karyā « amour des malheureux », dont on trouvera le premier élément sous truaṅt et le second sous karout ; mais le second seul est hors de doute.

Truḷ, s. m., guenille, chiffon : peut-être pour *drul, cf. cymr. dryll « fragment »[5], soit un celt. *drous-lo- et *drus-lo-, qu’on rattache à gr. θραύ-ω « briser », lat. frūs-tu-m « morceau », lett. drus-ka « miette ».

  1. Ce mot et troṅsa « trousser » sont naturellement des emprunts beaucoup moins anciens que très > trézen.
  2. Il est à peine besoin de faire observer que ce verbe n’a en tout état de cause rien à voir au br. troad.
  3. Le fr. truand est empr. br. ; mais en revanche c’est au fr. que le br. doit son t final, qui n’est pas étymologique.
  4. Assimilation de la 1" syllabe à la 2*, cf. burzud, butun, etc.
  5. V. sous dral. — Le fr. drille « chiffon » parait être emprunté au breton.