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TOUL-TOUSEK


Touḷ, s. m., chien de mer : abstrait d’empr. fr. touiller « barboter » [dans la vase] ; cf. toulen (proprement « mélange confus »).

Toulbaba, vb., tâtonner, manier. Onomatopée plaisante[1].

Touḷen, s. f., brume : dér. d’empr. fr. touille. V. sous tout.

Toull, s. m., trou, cymr. twll 9 vir., ir. et gael. toll id. : d’un celt. *tollo « creusé », assimilé pour *tor-lo-, dér. à l’état fléchi de la rac. qu’on trouvera sous tarar (ou *tuk-s-lo-, cf. vsl. is-tûk-na-ti a creuser »).

Touñ, adj., écourté, camard, mbr. touign id. : abstrait de touigna « écourter » = empr. lat. tund-ere « frapper ». Cf. 1 tonn[2].

Toupina, vb., écornifler : dér. d’empr. fr. populaire toupin « pot-au-feu ».

Tour, s. m., tour, clocher, corn. tur, cymr. twr. Empr. lat. turris.

Tourked, s. m., lien de balai : dér. d’empr. lat. torqu-ere[3].

Tourc’h, s. m., verrat, mâle, corn. torch, cymr. twrch ; vbr. turch, vir., ir. et gael. tore « verrat » : soit un celt. *t-orko-, dont le second terme est pour *porko-, lat. porcus, vir. orc 9 etc., lit. pàrsza-s, ag. farrowet al. dimin. ferk-el « cochon de lait », vsl. prasç. On ne s’expliquerait pas ici l’intervention du préf. *to-[4] ; cf. 1 da, tourta et tourz.

Tourta, vb., cosser de la tête comme les béliers (cf. tourz), cymr. hyrddu « heurter » : pour *tourza[5], composé de préf. *to- (sous 1 da) et d’un dér. du celt. qui a donné br. horz. V. ces mots.

Tourtel, s. f., tourte. Empr. fr. tourtel « tourteau », et cf. tors.

Tourz, s. m., bélier, corn. hordk, cymr. hwrdd id. : pour *hourz, avec la même préfixation que dans tourta, ou à cause de la locution *maout ourz prononcée par erreur *maoutourz > maout tourz. Cf. tourc’h.

Touskan (T.), s. m., mousse terrestre : peut-être altéré pour trousken. V. ce mot (le lichen est une sorte de lèpre). — Conj. Ern.

Tousek, s. m., crapaud, mbr. toucec, cf. provençal tossec et espagnol tàsigo « poison ». Empr. roman, du lat. toxicum[6] id., et cf. taxus « if » (dont le suc est vénéneux), tous deux venus du gr.

  1. La première syllabe peut être l’altération, soit de fr. tourner, soit de br. dourn. Cf. tastourni.
  2. Quant à l’ñ, comparer moñ, soit donc un type *tundiàre.
  3. Cf. cymr. torrh « collier » = empr. lat. torques.
  4. Le celto-lat. avait peut-être un mot *trogos « porc », à demi attesté par on lat vulgaire *trogia > trola > f r. truie. Il se pourrait dès lors que *torkos > br. tourc’h fût une contamination de *porkos et *trogos : Sommer, die Komparatlonssuffixe im Latecn., p. 91.
  5. Influencé sans doute par le fr. heurter, qui représente un roman *urtdre, évidemment formé sur une base celtique.
  6. En conséquence, la vraie traduction de kabel-douseky c’est « chapeau vénéneux ».