Page:Henry - Lexique étymologique du breton moderne.djvu/294

Cette page n’a pas encore été corrigée
258
TAKÉNEIN-TÀLBÔD

Takénein (V.), vb., ruminer : proprement « chipoter, manger lentement par menues miettes », dér. du précédent. Cf. toutefois daskiria (Ern.).

Takon, s. m., pièce de rapiéçage. Empr. fr. ancien tacon.

Tâd, s. m., père, mbr. tat, corn. tat > tas> cymr. tàd, ir. datàn « père nourricier » > daidin et gael. daidein « papa » : d’un celt. *iato-, terme de caresse enfantine ; cf. sk. tatà « père », gr. τάτα et τέττα, lat. tata y got atta w père » et al. âtteu aïeul », lit. téti-s, vsl. ot-ïcï, russe tjatja[1].

Taga, vb., étrangler, attaquer[2], corn. taga, cymr. tagu, vir. tach-t-ad « action d’étrangler », ir. tach-dai-m « j’étrangle », gael. tach-d id. : soit un celt. *to-ang-ô, où la rao. est la même que celle du lat. ang-ere. V. sous eûk, et le préf. sous 1 da. — Très douteux, car il n’y a nulle part trace de la nasale qui eût dû demeurer.

Tach, s. m., clou. Empr. fr. ancien tache id.[3].

Tachen, s. f., pièce de terre, pâtis. Empr. roman, qui se ramène au radical de celui des mots qu’on verra sous tach et takon.

1 Tâl, s. m., front, corn. et cymr. tâl, gaul. Halos dans Dubno-talos n. pr., etc. : d’un celt. Halo- = sk. tala « surface », spécialisé ailleurs en divers sens ; cf. gr. τηλία « table à dés », lat. tel-lûs « terre », al. diele « planche », lit. tilê id. et vieux-pruss. tal-u-s « sol », vsl. tïlo « pavé ».

2 Tâl, s. m., fond : identique au précédent[4].

Tâḷ, s. f., stature, manière, danger[5]. Empr. fr. taille.

Taladur, s. m., doloire, mbr. daladur. Empr. bas-lat. *doldtôria (> fr. doloire), mais l’initiale influencée par tarar. V. ce mot.

Talar, s. m., sillon du bout d’un champ, cymr. talarid. : dér. de 1 tâl, soit un celt. *tal-aro-, cf. la formation du fr. front-ière.

Talbenn, s. m., frontispice, pignon : comme qui dirait « tête de façade », composé du type ancien. Cf. tâl et penn, et la note sous kil.

Talbôd, s. m., angélique sauvage : pour *tal-vôt, cf. cymr. tal-fed-el a angélique de jardin », soit un cel. *talo-buti- qui signifierait « la précieuse »[6]. V. sous bout et tahézout. — Conj.

  1. Sur le composé tâd-iou et similaires, voir sous ioidik.
  2. Ce dernier sens par influence du fr. at-taquer.
  3. D’où le vb. fr. at-tach-er « clouer ».
  4. En pariant, bien entendu, du sens de « surface ».
  5. Ce dernier sens est abstrait de locutions telles que é tà koll « en situation de perdre », d’où « en danger de ».
  6. A cause des propriétés curatives de cette plante, qui passent pour si puissantes qu’on la dit aussi « panacée ». — Conj.