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SOURIN-SPELC’H

cymr. syn-u « regarder fixement » : paraît se rattacher d’une manière quelconque à la rac. STÂ (sous saô), cf. vir. con-à-snaim « je cesse », etc. ; ou à celle qui a produit ag. to stun « rendre immobile », si ce n’est même un emprunt très ancien (le mot ags. est inconnu).

Sourin, s. m., bois de charpente : dér. d’une base celt. *stur- > cf. gr. σταυρ-ό-ς « poteau », lat. in-staur-àre « édifier », sk. sthâ-var-â « ferme », se ramenant tous en dernière analyse à la rac. STÂ. Cf. le précédent. — Conj.

Sout, s. f., bergerie. Empr. fr. ancien soute « abri ».

Souta, vb., souder : contamination d’un dér. d’empr. lat. solidus > roman sôldo (cf. saout) et d’empr. fr. souder qui a la même origine.

Spanaat (T.), vb., cesser. Empr. ags. spannan « assujettir »[1].

Spanel, s. f., spatule (à étaler) ; cf. le précédent.

1 Sparf, s. m., goupillon : abstrait du vb. sparfa, pour *sparc’ha « asperger ». Empr. bas-lat. sparg-ere. Cf. le suivant.

2 Sparf, s. m., asperge. Empr. fr. contaminé du précédent[2].

Sparfel, s. f., épervier (aussi spalfer et spalver T., et cf. splaouer) : dissimilations diverses pour *sparver forme romane = ital. sparoiere et fr. éperoier, empr. vhal. sparwàri^>a. sperber.

Sparl, s. m., barre, pêne. Empr. bas-lat. *sparulus, dér. d’un germanique latinisé *sparus ou *spara[3] (> fr. espar et esparre).

Sparr, s. m., gaffe, lance. Empr. ags. *sparre > ag. sparre > spar « barre » (attesté par ags. sparr-ian « barrer »), et cf. ags. spere « lance » > ag. spear. Cf. le précédent et speur.

Spaza, vb., châtrer : dér. d’empr lat. spad-ô, « castrat, eunuque ».

Spék, s. m., javelot, levier, dorade (C.), fruit de la bardane, pistil[4]. Empr. lat. spïca « épi » (cf. spiculum « dard »), d’où un mot *spik qui a subi par synonymie l’influence de bék « pointe ». V. ce mot, et cf. ag. spike a pointe » etpike « brochet », cymr. pig, ir. pice, gael. pic, etc.

Spelc’h (V.), s. m., hâle, gerçure. Empr. ags. spilc « éclisse », plus anciennement sans doute « *action de fendre, *fente ».

  1. D’où ag. to span « saisir », cf. al. spannen « tendre » ; l’ai, spannung signifie encore aujourd’hui « attente immobile ».
  2. A cause de l’homophonie fortuite dCasperge « lat. asparagus) et asperger, et de la forme des tiges d’asperge qui figurent un goupillon et en peuvent tenir lieu. — La mutation c'h >/ est peu régulière, mais non sans exemple. Cf. /arien, fubu, etc.
  3. Cf. al. sparr en « poutre » et sperren a enclore ».
  4. Tous ces sens sont dérivés : le levier a une partie effilée qui s’insinue sous l’objet à soulever ; il y a aussi un poisson qu’on appelle « dard » en fr. ; le reste va de soi.