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XX
INTRODUCTION

rende compte, le fait demeure irréfragable : au ive siècle[1], toute la Gaule — y compris l’Armorique — parlait latin. Celle-ci s’est « receltisée » par immigration, ainsi qu’on va le voir. Prendre les Bretons actuels pour les continuateurs immédiats des Gaulois Armoricains, est une des pires erreurs qui faussent encore dans certains esprits la conception du celtisme.

La précoce extinction du gaulois, jointe à la circonstance qu’il ne possédait point de littérature écrite, — la tradition druidique étant purement orale, — suffit à justifier la rareté des vestiges qu’il a laissés : une trentaine d’inscriptions qui ne sont pas toutes comprises, quelques mots épars dans les auteurs anciens, des noms propres et des appellations géographiques[2], c’est tout ce qu’il en subsiste. En fait, nous ne connaissons pas le gaulois et ne le connaîtrons jamais ; nous nous le figurons seulement, avec quelque vraisemblance, d’après ces rares documents et le témoignage de ses congénères plus heureux qui lui ont survécu.

2. L’Irlande, en effet, et la Grande-Bretagne septentrionale (Écosse) ne subirent pas la conquête romaine, et le celtique gâdélique s’y maintint, obscurément du reste, jusqu’au jour où la prédication chrétienne le vint réveiller et où il émerge dès lors dans l’histoire[3].

a) De ce jour (viiie siècle) apparaît, avec sa riche littérature, sacrée ou profane, le gaélique d’Irlande, qu’on appelle plus usuellement irlandais tout court. Il se nomme vieil-irlandais jusqu’au ixe siècle, moyen-irlandais jusqu’au xvie, irlandais moderne, enfin, de nos jours, où il est réduit à presque rien par la concurrence de l’anglais[4].

  1. Dans la France du nord, du moins dans les campagnes reculées, le gaulois paraît s’être maintenu jusqu’au vie et même par delà.
  2. Encore ne nous sont-ils parvenus, pour la plupart, que sous une forme entièrement latinisée. Voir l’index gaulois à la fin du volume.
  3. Toutefois il existe quelques inscriptions gâdéliques, dites ogamiques, qui remontent au paganisme et aux premiers siècles de notre ère ; mais c’est une mince ressource.
  4. On prononcera : les voyelles et diphtongues telles qu’elles sont écrites, mais longues les voyelles accentuées ; c, comme k, devant toute voyelle ; ch, comme en