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PALUC’HÀ-PAP

Paluc’ha, vb., échalasser, paisseler [le lin] : pour *pac’hula. Empr. bas-lat. paxillàre, dér. de paxillus (> fr. paisseau). — Conj. Ern.

Pan, s. m., pays : n’existe pas, mais seulement la locution peban « d’où », où pan pris au sens local est le même que pan au sens temporel. V. sous pa, et cf. inversement lat. ubi « où > quand »[1].

Panen, adj., azyme : dér. de l’empr. lat. savant panis[2], venu par la langue ecclésiastique et exclusivement appliqué au pain liturgique.

Paner, s. f., panier. Empr. fr. Cf. 1 palier.

Panévéd, prép., sans : dér. de la liaison pa n’efe [ma], exactement « quand [cela] n’était, si ce n’était, ne fût-ce ».

Panez, s. m., panais. Empr. fr.

Panvrek, adj., mûr : dér. d’un radical *pa/tor-, qui est, soit le lat. pômàrium > bas-lat. *pàmerio « verger » (cf. vbr. Pumurit> Panorit nom de lieu), soit le roman *mawr- procédant du lat. màturus. — Conj. Ern. (la première est de beaucoup la plus probable).

Paô, s. m., patte, corn. et cymr. paw, « pied, sabot » : le mot le plus voisin est ag. paw ; puis viennent provençal pauta, al. pfote et fr. patte ; le mot est répandu, mais l’origine inconnue. Empr. bas-lat. ou germanique.

Paol, s. f., barre du gouvernail, timon : semble une simple variante de peùl, différenciée en forme et en genre. Cf. nébeùd et neùz.

Paot, adj., abondant, corn. pals, gael. pailt (ce dernier dénoncé par son p comme empr. brittonique) : soit un celt. *qal-to-, ppe passé qu’on peut rattacher à la rac. du vir. cl-and > ir. et gael. clann, « famille, tribu, clan », vbr. plant « enfants », sk. kâl-a « race », etc. — Conj. Mcb.

Paotr, s. m., garçon, valet, mbr. pautr. Empr. roman ou germanique ; cf. fr. ancien pautr -aille « valetaille » et ag. paltr-y « vil ».

Paouéza, vb., cesser (aussi poézeinV.), cymr. powyso, corn. powesy. Il est impossible de ne pas songer au lat. vulgaire pausàre « faire une pause », avec lequel on n’aperçoit pourtant aucun lien phonétique[3].

Paour, adj., pauvre (aussi peur V.). Empr. fr. ancien povre.

Pap, papa, s. m., bouillie. Onomatopée enfantine (cf. ag. pap et al. pappe id.), qui remonte à un lat. vulgaire pappa.

  1. Cf. les locutions du type de moyen-cymrique py du pan-doit ? « de quel côté viens-tu ? » etc.. que me signale à ce propos M. Loth.
  2. Un emprunt populaire eût donné *peûn.
  3. Si l’on avait la moindre donnée qui permît de rapporter le gr. παύω « je fais cesser » à une rac. commençant par q, le mot brittonique pourrait remonter à l’indo-européen. Bien entendu, lat. pausàre est dér. d’empr. gr.