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XVIII
INTRODUCTION

qu’implique son nom. — Le lettique ou baltique, en voie de disparition, comprend le lituanien[1] (Lituanie russe), le letton ou lette (Courlande, etc.), et le vieux-prussien (éteint). — Le slave remonte jusqu’au ixe siècle par le vieux-slavon[2], langue religieuse des Slaves dits orthodoxes, et descend jusqu’à nous par la riche expansion des dialectes slaves qui couvrent la moitié de l’Europe. — La portée de l’un et de l’autre, fort considérable en indogermanisme, est naturellement assez restreinte en matière d’étymologie celtique. On n’en relèvera que peu de citations.


III. Revenons donc au groupe celtique, et d’abord envisageons-le dans son ensemble. Une particularité qui lui est exclusivement propre le distingue de tous les autres : dès avant qu’il ne se fût scindé en dialectes, le p primitif de l’indo-européen, conservé partout ailleurs, y avait disparu sans laisser de trace. En d’autres termes, soit un mot grec, latin, sanscrit, contenant un p initial ou intérieur : cette consonne y manquera dans tous les dialectes celtiques ; au latin porcus l’irlandais répond par orc, et le breton par leûn au latin plenus. Ainsi nous sommes sûrs que ces deux mots sont vraiment celtiques, n’ont pas été tirés du latin. Et, d’autre part, si le latin et le celtique, le français et le breton nous offrent, par exemple, un couple de synonymes qui contiennent dans l’une et l’autre langue la consonne p, nous pouvons affirmer avec certitude que le mot celtique est un emprunt. On en verra maint exemple.

Un autre critérium, non moins absolu, sépare, dans le celtique lui-même, le groupe iro-gaélique du groupe brittonique. Soit un mot indo-européen contenant la consonne que l’on désigne conventionnel-

  1. On prononcera : ė et o, fermés et longs ; e, ouvert, bref ou long selon l’accentuation ; y comme ī long ; sz et ž, respectivement, comme ch et j français ; c et cz comme ts et tch. L’aigu et le circonflexe sont signes de longueur, mais avec une nuance d’accentuation qui n’est pas brièvement définissable.
  2. On prononcera : e et o, ouverts ; é, fermé et long ; ŭ et ĭ, presque muets (y est une voyelle très difficile à définir) ; ch, comme en allemand ; ž, comme eu lituanien. Les autres signes graphiques ne se rencontreront pas dans ce livre.