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IS-IZAR

Is, adj., bas, cymr. is, vir. iss « en bas », ir. s-ios « vers le bas », etc., gael. ios « en bas » : tous d’un adv. celt. *end-sô, dér. d’un radical i.-e. *ndh-s-, sk. adh-às « au-dessous », lat inf-rà, inf-imu-s, et îmus (< *ind-s-mo-), got. und-ar, ag. under, al. unter « sous », unten « en bas ».

Isa, vb., exciter (un chien), exciter. Onomatopée (hiss !).

Iskiz, adj., vil, laid. V. sous is et 2 kîz.

Itrôn, itroun, s. f., dame, mbr. ytron id. : pour *in-tron, qui suppose un celt. *oino-trawon- « [épouse] unique > maîtresse de maison »[1] par opposition aux concubines. — Loth.

Iûd, adj., traître. Empr. lat. Judas, contaminé du fr.[2]

Iuda, vb., crier, hurler, mbr. iudal, cymr. udo (aussi br. udeinV.) : rapprochements douteux, étymologie très peu claire[3].

Iûn, s. m., jeûne. Empr. lat. jëjUnium.

Iuzéô, s. m., juif, corn. yudhow > yedhoœ > edhow, cymr. iuddew. Empr. lat. Jûdaeus, venu du nom de la tribu de Juda.

Ivé, ivéz, adv., aussi, de même (aussi éc’hué >> éhué V.) : pour *in-goez « en [même] aspect », cf. 1 en Qihervez.

Ividik, s. m., tempe : exactement « [endroit] sensible », dér. d’un mbr. *iou, « mou, coi, bon », qui jusqu’à présent n’est pas identifié[4].

1 Ivin, s. m., ongle, corn. ewin, cymr. eguin> ewin, vir. inga (gén. ingen), ir. et gael. ionga (gén. iongan et ing-ne) id. : d’un celt. *eng-ïnà, dont le radical i.-e. est *ngh-, cf. sk. nakh-â[5], gr. ὄνυξ (ὄνυχ-ος), lat. ungu’i-s, ags. naeg-el > ag. nail, al. nag el, lit. nâg-a-s « ongle » et nag-à « sabot », vsl. nog-a « pied » et nog-Uti « ongle ».

2 Ivin, s. m., if, corn. hiuin, cymr. yw, vir. eo id. : pour *iw-in[6], dér. d’un celt. *iwo- > gaul. *ivos, d’où procède aussi le fr. if et peut-être l’ai. eibe.

Izar, s. m., lierre terrestre, cymr. eidr-al Empr. lat. hedera[7].

  1. Le suff. est le même que dans aotrou, mais féminisé. Quant au radical, voir sous eunn et lAtaAo.
  2. Car la forme régulière serait *iàz. Cf. iuzéô.
  3. Ou peut songer à la rac. YUDH « combattre » (sk. yûdh et gr. ὑσ-μίνη « bataille »), qui a formé plusieurs noms propres anciens bretons commençant par Jud-, Le mot signifierait alors « se battre > pousser le cri de guerre > crier ». Mais le d breton fait difficulté.
  4. Il n’existe plus comme mot isolé, mais sert de suffixe dans la formation tad-you « grand-père » (fr. bon-papa), etc.
  5. Le kh asiatique au lieu de gh procède d’alternance indo-européenne.
  6. Le w devenu v en br. sous l’influence du fr. if.
  7. Ou dérivation de l’ancien radical br. *iz- « lierre » que le mot iliô a perdu par corruption ?