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INGROEZ-IRVIN

Iṅgroez, s. m., variante de eṅgroez. V. ce mot.

Inodein (V.), vb., monter en épis : le même que di-oda, mais avec le préf. in- = 1 en, V. ces mots et cf. nodi.

Inrok (V., C), s. m., avance. V. sous a-raok.

Iṅtaṅv, iṅtaoṅ, iṅtav, adj., veuf, mbr. eintaff, vir. ein-tam « célibataire » : d’un celt. *oino-tamo- « tout à fait seul », superlatif de *oino-, « un, seul »[1]. V. sous eunn, unan, itrôn, etc.

Iṅtr, s. m., tache, etc. : abstrait de iṅtret, « sali, imbibé ». Empr. bas-lat. intrātus au sens de « pénétré, imbibé », ou simplement fr. entré.

Iôd, s. m., bouillie, mbr. yot, corn. et vbr. iot, cymr. uwd, vir. ith id. : d’un celt. *yu-to-, rac. YU, dont les autres dérivés connus sont sk. yūs et yūsa « bouillon », gr. ζύ-μη « pâte aigrie », lat. jūs et vsl. jucha « jus ».

Ioc’h (V.), s. f. (aussi iuc’h V.), monceau, mbr. yoh « meule » : contamination du radical de 1 hôgen et du fr. jucher. — Ern.

Iouc’ha, vb., crier : cf. mhal. jùch-ezen > al. jauchzen, bien que les deux mots s’expliquent isolément par onomatopée. Cf. le cri br. you you yoù-oû.

Ioul, s. f., volonté, projet, mbr. eoull, corn. awell, cymr. ewyll (et cf. vbr. aiul « de plein gré »), vir. ail, gael. àill « désir » : soit un celt. *aw-illā « désir » et *aw-illo- adj., dér. de rac. AW, « souhaiter, être favorable ». sk. av-a-ti « il seconde », lat. av-ēre « désirer », avidus, etc.

Iour (V.), s. m., variante dialectale de éôr.

Iourc’h, s. m., chevreuil, mbr. yourch, corn. yorch, cymr. iwrch, vbr. iurg-chell id. : d’un celt. *yorko-, auquel on ne voit de répondant que le gr. ζόρξ et ζορϰός « daim », aussi δόρϰος, δορϰάς, ἴορϰος.

Ioust, adj., mou, délicat : peut-être d’un celt. *aisto- « brûlé > amolli », cf. lat. aestus « chaleur ». V. la rac. sous oaz[2].

Irien (C.), s. f., trame, mbr. iryenn, et ilyanenn <( pièce de toile » : l’un et l’autre pour *ir-lien- <i*ar-lien- « à travers la toile ». V. sous ar- et lien. — Conj. Ern. — Ou simplement éré lien « lien de la toile ». V. ces mots.

Irin, s. m., variante plus ancienne de hirin.

Irvin, s. m., navet, cymr. erfin « grosse betterave » : soit un celt. *arbīno-, métathèse pour *rab-īno-, et cf. gr. ῥαφ-άνη « rave », lat. rāp-a. al. rūb-e (le mot a voyagé sans qu’on en puisse tracer la route).

  1. Serait en lat. *oino-tumo- > *ūnitimus, cf. finitimus « limitrophe », et -tama- suff. superlatif sk.
  2. Sur ce mot difficile et ses variantes bizarres, voir le Gloss. Ern. p. 338, et cf. foesk, mais sous toutes reserves phonétiques.