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3. Le groupe hellénique ne renferme, lui aussi, qu’une seule langue (le grec), mais scindée en une infinité de dialectes, représentée par la plus belle littérature qui soit au monde, l’une des plus riches et des mieux conservées, fixée enfin en un état très ancien par la transmission orale et écrite des poèmes attribués à Homère (viiieXe siècle av. J.-C). Cette langue homérique, à bien peu près sans doute contemporaine du sanscrit védique, qu’un intervalle de dix à quinze siècles seulement, selon toute apparence, sépare de la scission de l’indo-européen, passe avec raison pour le reproduire avec une étonnante fidélité dans sa structure, son phonétisme, et parfois jusque dans les nuances de sa délicate accentuation. Aussi nul, s’il n’est helléniste au moins passable, n’aborde-t-il plus aucun domaine de l’indogermanisme. Mais les états modernes du grec, byzantin et grec actuel, sont à ce point de vue quantités négligeables.

4. Le groupe illyrique comprend : dans l’antiquité, l’illyrien du nord ou vénète, et celui du sud ou messapien, dont il ne reste que fort peu d’inscriptions mal comprises ; de nos jours, l’albanais, prodigieusement corrompu par l’infiltration du néo-grec, du turc et des idiomes latins ou slaves. Aucune de ces langues n’a d’intérêt que pour elle-même[1].

5. Le groupe italique embrasse le latin, l’ombrien, l’osque et plusieurs autres langues anciennes, à peine connues, de la Péninsule. Le latin, dont le premier document authentique peut remonter au Ve siècle avant notre ère, et dont la littérature considérable nous est parvenue en assez bon état, nous offre seul une documentation complète de cette branche de l’indogermanisme, d’importance d’ailleurs moindre en principe ; car le latin est de l’indo-européen beaucoup moins bien conservé que le grec, le sanscrit ou même le germanique. Mais, s’il recule au troisième plan pour la comparaison générale, il est au contraire, à trois points de vue, d’importance absolument primordiale pour le celtisant.

  1. On trouvera dans ce lexique un seul mot illyrien (μόναπος), un seul thrace (βρῦτον), un seul macédonien (ἀϐροῦτες), pas un albanais. Le thrace et le macédonien sont des unités trop mal connues pour qu’on puisse songer à les classer. Toutefois on a récemment essayé de rattacher l’albanais au thrace, en le séparant de l’illyrique.