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GWÂZ-GWÉACH

bitant la maison », dér. secondaire par rapport à sk. vas-tu « maison »[1], comme gr. ἀστός « bourgeois » par rapport à ϝάσ-τυ > ἄστυ « ville ».

2 Gwâz, s. f., ruisseau : primitivement « veine » (cf. gwazen), corn. gwyth « veine », cymr. gwyth-en et gwyth-ien, vbr. guith-enn-ou pl. « les veines » : d’un celt. *wi-ttà « veine » altéré en br. (cf. lat. vitta <c bandelette ») dont la rac est sous gwâd, gwèdén et gwéa.

3 Gwâz, s. f., oie, corn. #u# > ^aidA > goydh, cymr. gwydd, vir. $réd, ir. géadh, gael. #êadA id. : soit un celt. *geg-dd, dont la première syllabe parait contenir une onomatopée assez répandue ; cf. br. gâk, kégin[2], visl. gag-l « oie sauvage », mhal. gigzen « caqueter », lit. gag-àna-s.

4 Gwâz, adj., pire : primitivement « mauvais »[3] (cf. gwell), corn. gweth, cymr. gwaeth, vbr. guoheth-e dér. « infamie : d’un celt. *wak-to-, ppe passé d’une rac. à sens péjoratif accusée notamment par sk. vak-râ « de travers », vànc-a-ti « il gauchit », lat. vac-ill-àre, etc.

Gwazen, s. f., veine (d’eau, de métal). V. sous 2 gwâz et

1 Gwazien, s. f., veine (du corps). V. sous 2 gwâz.

2 Gwazien, s. f., oie : singul. de 3 gwâz.

Gwé, s. m., gué. Empr. fr.

Gwéa, vb., tisser, tresser, tordre, mbr. gueaff, cymr. gweu, corn. guiat « toile », vbr. gueig « qui tisse » (cf. vir. figim, gael. figh « tisser »[4]) : soit un celt. *wegy-ô> cf. sk. vây-a-ii « il tisse », lat. vi-ëre « être flexible ». V. sous gwéden d’autres dér. de la rac. i.-e. WEI WI très répandue dans tout l’ensemble de la famille.

Gwéach, s. f., fois (aussi gwéz[5]), corn. gweth et gwyth, cymr. gwaith, vir. fecht « fois » et« voyage »[6] : d’un celt. *wek-ta « charroi », ppe passé

  1. Pour l’évolution du sens, comparer le fr. domestique qui a pris l’acception de « serviteur ». — La rac. WES a habiter » a de nombreux autres rejetons, mais non pas en celtique.
  2. Et les mots cités sous ces articles. — Aucun rapport, par conséquent, avec ag. gooêe,*l. gans, etc.
  3. Que ce comparatif ait été jadis un simple positif, c’est ce qu’atteste encore nettement l’existence du superlatif gwasa et du vrai comparatif gwasoc’h.
  4. Il faut tenir compte de l’existence, à côté de la rac. simple à finale vocalique, d’un certain nombre de formes d’amplification consonn an tique dénoncées surtout par le germanique : al. wick-eln « tortiller », web-en « tisser » (aussi en sk. dans ûrndcâbhi « araignée ») et ag. to weaoe, al. wtnd-en « tresser », etc.
  5. D’un pl. régulier *gwéjou > *gwéchou a été abstrait un sg. gwech, qui a remplacé la forme régulière gwez, partout ailleurs qu’en vannetais où l’on a la corrélation attendue gueh. Cf. aussi deroez. Mais voir Ernault, Mém. Soc. Ling., X, p. 332.
  6. Le second sens est le primitif : « deux fois » signifie « en deux venues, à deux reprises », et ainsi de suite.