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GRONS-GW


Groṅs, adj., arrogant, hardi[1]. Empr. lat. nasalisé grossus « grossier ».

Grouan, s. m., gravier, cymr. graian « sable », greienyn « grain de gravier », vir. grian, etc. : d’un celt. *gri-ano-, dér. de rac. GHRÎ, d’où gr. χρί-ειν « frotter » et lat. fri-are « broyer ». Cf. en outre corn. grow, cymr. gro, ir. et gael. grothlach « sablonnière », fr. grès, etc., ags. grêot > ag. grit « gravier », lit. grû-s-ti, « fouler, broyer », etc. ; ces derniers indiqueraient une rac. GHRU, synonyme et quasi-homophone de GHRI. V. aussi graé et grôa.

Grouéz, s. f., chaleur, ardeur : pour *gwrez, cymr. gwres, qui suppose un radical celt. *gor-es- et *gwr-es-, à peine différent de celui du gr. θέρ-ος = sk. hâr-as[2]. V. la rac. sous gôr. — Conj. Ern.

Grougousa, vb., roucouler. Onomatopée.

Grounn, s. f., assemblage, paquet, mbr. gronn id. : soit un celt. *grond-o-, que reproduit le gael. grunn « poignée »[3] et, en dérivation (*grend-io-), le vir. grinnea paquet » ; sk. granth-a « nœud », et grath-nâ-ti « il lie », gr. γρόνθ-ο-ς « poing fermé », lit. grand-i-s « anneau », al. kranz t guirlande » (toutes idées dominées par celle d’assemblage).

Grullu, s. m., blé charbonné. Empr. fr. (terme d’argot) grelu « blé » probablement dér. de grêle « menu »). au sens péjoratif. — Ern.

Gultan, s. m., pincettes : exactement « pinces à feu », forme de prononciation rapide. V. sous 1 gével et tân mais cf. gweltré.

Gûp, s. m., vautour. Cf. gr. γύψ (emprunt savant ?), et ags. gīw gīow[4].

Gurlaz (V.), s. m., lézard, cymr. gwyrddlas, pour gwyrdd-glas « bleuvert », vbr. guirdglas « mer ». V. sous gtoér, glâz eXglazard.

Gurzun (V.), s. f., variante de burzun = bulzun.

*Gw-, forme théorique et générale d’un préf. prodigieusement répandu dans toute la famille celtique, avec sens primitivement local « au dessous », et par conséquent atténuatif, péjoratif, etc. (cf. 1 gour-), apparaissant en br. avec les variantes principales gou-, gwe-, gw-, et b- ou g- tout court[5], corn. gou-, go-, gu-, cymr. guo-, go-, gwe-, vbr. guo- et uuo-,

  1. D’où le sens adverbial « résolument > absolument ».
  2. Le genre féminin aurait dès lors été suggéré au breton par la finale -e* jointe au fait que le mot est un nom abstrait.
  3. Le Gon. donne même un mot groumm s. m. a le poing fermé », qui a tout l’air d’être corrompu de *grounn.
  4. D’origine également inconnue : Journ. of Germ. Philol., II, p. 164.
  5. V. la plupart des mots commençant par ces groupes.