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GORTOZ-GOULERC’HI

Gortoz, s. m., attente, corn. gortos « attendre » ; cf. cymr. gwardu « garder », ags. weard-ian > ag. to ward, al. wart-en attendre »[1].

Goudé, adv., prép., ensuite, après, cymr. gwedi < (ancien) guotig, qui équivaut à un celt. *wo-eti-k, soit sk. àti « en outre », gr. ἔτι « encore », lat. et, précédé de *gw- et suivi d’un suff. adverbial.

Gouél, s. m., variante de goél. V. ce mot[2].

Gouer, s. f., ruisseau, mbr. gouher (pour *gouver), cymr. *gofer id. : soit un celt. *wo-ber-o-, équivalant au gr. ὑπο-φέρ-ο-μαι, « je me transporte, je coule », rac. BHER. V. sous *gw- et kémérout, et cf. aber, kemper.

Gouers (V.), adv., longtemps. Empr. lat. versus au sens de « ligne, rangée, [longue] traînée ». Cf. aussi gwerz.

Gouhéré, s. m., juillet : exactement « au commencement de l’automne », comme en lat. sub autumnum*[3]. V. sous *gw- et héré.

Gouhez, s. f., bru, corn. guhit, cymr. gwaudd, d’un celt. *vadù- « épousée », sk. vadh-u. V. d’autres formes de la rac. sous dimizi.

Gouhin, s. m., fourreau, corn. guein > goyn, cymr. gwain, ir. faigen, Empr. lat. vàgïna (> fr. gaine).

Gouiender, s. f., fraîcheur. V. sous *gw- et ién.

Goulaoui, vb., éclairer : dér. de goulou.

Goular, adj., fade : variante à métathèse de klouar.

Goularz, s. m., ambre jaune : métathèse probable pour *gou-lazr > cf. cymr. llathr « poli » (Loth, R. celt., XX, p. 78), d’apparentation indécise.

Goulaz, s. m., latte. V. sous *gw- et làz.

Goulaza, vb., rebattre (un outil) : préf. *gw-, et laza au sens de « frapper ».

Goulenn, s. m., demande, question : soit préf. *wo- (*gw-) devant une forme à nasale de la rac. LI, cf. vir. len-im et ir. leanaim « je suis », gael. lean, cymr. can-lyn et dy-lyn « suivre », sk. li-nâ-ti « il s’attache à », gr. ἀ-λί-νω et lat. li-nô « j’enduis », etc. ; la transition de sens serait dès lors « s’attacher à > presser > solliciter », etc.

Goulerc’hi, vb., tarder : préf. *gw- et lerc’h.

  1. Relations inextricables : le t, que reproduit gael. feart « attention », ne permet pas de présumer une apparentation primitive au germanique, ni un emprunt à l’ags. ; d’autre part, un emprunt à l’ai, n’est pas vraisemblable ; quant au cymr., il est d’emprunt récent (ag. to guard, fr. garder).
  2. D’une manière générale, chercher sous l’initiale go- ou gw- les mots qu’on ne trouverait pas sous l’initiale gou-.
  3. Cf. vir. fo-gamur > ir. fôghmhar > gael. foghar « automne », qui équivaut au lat. sub hiemem. V. sous goan.