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GENVER-GÎZ

bouchure), « Genève, Gènes », etc. : d’un celt. *gen-ow-, sk. hân-u « mâchoire », gr. γέν-υ-ς (gen-u-s) « menton », got. kinn-u-s id., ag. chin et al. kinn, etc. ; cf., avec un suff. plus court, les types lat. gen-a « joue », vir. gin « bouche », cymr. gèn, « joue, menton », mbr. guen « joue ».

Genver, s. m., janvier. Empr. lat. Januárius.

Géô, s. f., variante de iéô. V. ce mot.

Géoren, s. f., écrevisse d’eau douce : curieux singulatif refait sur le pl. géor « chèvres », qui se rattache à gaour[1].

Géot, s. m., herbe, corn. gwels^ vbr. pl. guelt-ioc-ion « herbeux », et même br. actuel guelt « herbe » (Ouessant), vir. *gelt dans gelt-both « pâturage » : d’un celt. *gwel-to- « vert », cf. cymr. gl-edd « gazon », gr. ϰλό-ο-ς (klo-o-s) ; « vert-clair » et ϰλο-ή (klo-ê) « verdure », lit. iélti « verdoyer », vsl. zel-ije « légumes » et zel-enû « vert ». V. la rao. sous gell, et cf. 1 glaz.

Gér, s. m., mot, cymr. geir > gair, vir. gàir « cri » : d’un celt. *gdr-i et *gar-i-, dont la rac. très féconde est sous garm.

Gervel, vb., appeler : pour galca (conservé dans la conjugaison et dans l’infinitif galoueinV.), par confusion des deux radicaux celt. synonymes *gal- et *gar-, V. sous galcaden et garm.

Geûn, s. f., marécage : pour *gweùn, mbr. gueun « vallée », cymr. gwaun « prairie », ir. fán « pente », fr. (ardennais) fugne « plateau tourbeux », d’un celt. *wàg-nā, cf. lat. vag-u-s « [lieu] vague » ?

1 Gével, s. m., pinces, tenailles, corn. gevel cymr. gefail, vbr. gebell id. : de la famille de gaol, mais probablement contaminé du suivant.

2 Gével, adj., jumeau, cymr. gefell. Empr. lat. gemellus.

Géver (T), s. m., gendre : seul représentant subsistant du celt. *gem-ero-, lat. *gem-er > gêner, gr. γαμϐ-ρό-ς (gamb-ro-s), cf. γάμ-ο-ς (gam-o-s) « mariage », sk. jámātā.

Gôvred, s. m., vent de sud-est, mbr. aoel gueffret a vent d’ensemble », pour queffret. V. sous kèfret. — Conj. Ern.

Giber, s. m., esse, goupille : mbr. guyber « couleuvre » par métaphore (c’est une pièce en forme d’S). Empr. lat. vïpera.

Gîn, adj., l’envers : variante muée de kein[2]. — Conj. très douteuse.

Ginidik, adj., natif. V. sous ganédigez.

Gîz, s. f., manière, mbr. guis. Empr. fr. guise.

  1. Sobriquet : cf. gaour-côr « chèvre de mer », nom de l’écrevisse marine et de la crevette.
  2. Cf. pourtant cymr. gin « peau brute ». — Le sens « chagrin » (contrariété), d’où gina « se chagriner » est probablement secondaire.