Page:Henry - Lexique étymologique du breton moderne.djvu/165

Cette page n’a pas encore été corrigée
129
GAO-GAR

canta- (et cala- dans les n. pr. du type de Cata-launi « Châlons »), celt. *kn-ta, qui est une amplification de la prép. *kom, comme en gr. ϰα-τὰ, et en lat. con-trâ par rapport à cum. V. sous *ke-, ken, ket, etc.

Gaô, adj., faux : variante de gaou. V. ce mot.

Gaol, s. f., enfourchure (aussi gael), mbr. gafl et gaul, cymr. gafl, vbr. pl. gabl-au « fourche », vir. gabul « fourchette », ir. gabhal, gael. gobhal, gaul. latinisé gab-alu-s « fourche de gibet » (d’où fr. gâble « fronton triangulaire allongé »), al. gab-el « fourchette », et cf. sk. gâbh-asti « l’envergure des bras » el lat. hab-ere « tenir »[1].

Gaonac’hen, s. f., femelle stérile, mbr. gaunach id. : d’un celt. *gaunakkà* dér. du même type que gr. χαῦ-ναξ, « vain, menteur », par rapport à χαῦ-νο-ς. V. la rac. conjecturale sous gaou.

Gaou, s. m., tort, mensonge, mbr. gou, corn. gotc, cymr. gau, vir. gâu > gào > go, etc. : soit un celt. *gow-o-, dér. d’une rac. peu claire que paraît reproduire le gr. χαῦ-νο-ς, « mensonger, stérile » ; cf. aussi gr. γαυ-σό-ς « crochu » et lit. pri-gâu-ti « tromper »[2].

Gaour, s. f., chèvre (aussi gavr), mbr. gaffr, cymr. gafr, vbr. mel-gabr « troëne » (plante-à-chèvre), corn. gauar, vir. gabor, ir. gabhar, gael. gobhar, gaul. *gabros s. m. dans Gabro-magus « le champ de la chèvre » et autres n. pr. : se retrouve donc dans toutes les langues celtiques, mais nulle part ailleurs[3].

Gaozan, s. f., mite, mbr. gausan, corn. goudhan, cymr. gwyddon pl., cf. ir. ftneôg et gael. fionag (concordances irrégulières). — Étyra. inc.

Gar, s. f., jambe, mbr. et cymr. garr, corn. gar, vir. gairri pl. : d’un celt. *garri- « jarret[4] », sans équivalent ailleurs.

*Gar-, préf. rare et de sens très indécis, peut-être péjoratif à l’origine : peut se ramener à cymr. (ancien) gerr-an « nain », vir. gerr, ir. geârr

  1. La phonétique ne permet pas de décider dans quelle mesure la similitude des mots celtiques et germaniques procède d’emprunt ou d’affinité préhistorique. En tout cas, le got. gibla et le vhal. gebal « sommet » paraissent hors de cause.
  2. Ces divers rapprochements ne se laissent pas concilier entre eux : le premier est le plus vraisemblable ; le dernier n’est cité que pour mémoire.
  3. Le lat. caper a deux sourdes contre deux sonores en celtique ; à caper répondent gr. ϰάπρος « sanglier » et ags. haefer « bouc » : il faudrait supposer une corruption préceltique. Ou serait-ce un emprunt des Celtes aux Germains, a l’époque lointaine où ceux-ci prononçaient encore quelque chose comme *haeraz, avec e bilabial ?
  4. Fr. jarret est emprunt celtique. —Le pl. vbr. esceir (cf. rtiœcsker) et le cymr. esgair « jambe » pourraient être le même mot précédé du préf. m eks-, soit « [ce qui commence] au jarret ». Le gr. σϰέλ-ος « cuisse » est également isolé.