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ÉAL-ÉKENVËR

2 Éal (T.), s. m., poulain, cymr. ael et vir. ál, « couvée, portée » : d’un celt. *aglo- pour *pag-lo-, cf. lat. pro-pâg-ô « postérité », sans autre équivalent connu. V. aussi sous ala.

Éan, s. m., variante de éhan. V. ce mot.

Éar, s. m., air (aussi ér). Empr. fr. air.

Éaz, adj., variante de aez. Empr. fr. aise.

Ébarz, adv., prép., dedans, dans. V. sous 2 é et abarz.

Ébat, s. m., divertissement. Empr. fr. ébat.

Ébén, l’autre (en parlant d’une femme, cf. égilé), corn. yben (des deux genres) : exactement *he ben « la femme (la compagne) d’elle »[1], d’un mot perdu en br., corn. ben-en « femme », cymr. bun et ben-yw, vir. ben, ir. et gael. bean « épouse », celt. *ben-â, sk. gnà, gr. γυνή (gunê) (béot. βανά (bana)), vsl. sena, got. qinô et qën-s, ag. queen « reine », etc.

Ébeûl, s. m., poulain, corn. et cymr. ebol id. : soit un britton. *ep-âlo- dér. de *ep-o- « cheval », gaul. *epos dans Epo-redia, Epona (déesse des charretiers), Usip-etes et autres n. pr. ; celui-ci à son tour représentant un celt. *ek-tco- > vir. ech « cheval », identique à sk, áç-va, gr. ἔϰ-ϝο- (*ek-wo-) ἱππος (hippos), lat. equu-s, got. aíhwa-, lit. asva « jument ».

Ébiou, prép., auprès de, au dessus de, mbr. hebiou, cymr. heibio « outre », vir. sceo « et » : soit « à la suite de », dér. celt. du même radical que hep. V. ce mot.

Ebr (V.), s. m., ciel, corn. ebron id. : variante dialectale de oabren. V. sous oabl et koabr.

Ébrel, s. m., avril, corn. ebral, cymr. ebrill. Empr. lat. Aprîlis Aprilis.

Ék, s. m., pointe : mot rare, mais d’origine fort ancienne, formé comme le lat. ac-ie-s « pointe » sur l’universelle rac. AK « aigu », cf. sk. aç-râ « coin », gr. ἄϰ-ρο-ς (ak-ro-s) « pointu », lat. ac-u-s « aiguille », ac-utus, ac-er, vsl. ostrâ « aigu », etc., etc. V. aussi akr, diék, ibil, higolen, etc.

Ékan, ékant, s. m., encan. Empr. fr. ancien, avec chute de la nasalisation, encant < lat. in quantum.

Ékenver, ékéver, prép., envers : exactement « en opposition à, en regard de ». V. sous 2 é et 2 kèfer.

  1. L’explication par *he penn « une tête de lui » ou « d’elle » (son ou sa pareille) se heurte à l’objection que, dans le second sens, qui justement est le sens breton, on devrait avoir *he fenn. D’autre part, l’extension de sens en comique est bien plus aisément concevable que la restriction de sens en breton. — Le radical de ce mot se retrouve en outre dans l’initiale, à fonction féminine, du br. bisourc’h et du fr. biche.