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DROUZIVEZ-ÉAL

et gael. droch id. : soit un celt. *druk-o- (et *druklco-) < i.-e. * dhruko-, of. ags. dryg-e > ag. dry, al. trock-en « desséché »[1].

Drouzivez, s. m., déroute : syncopé avec mutation douce pour droug-divez « mauvaise issue ». V. sous drouk et 1 divez.

Drujal, vb., badiner : dér. d’empr. fr. ancien druge, « jeu, risée, moquerie » (en Poitou, Basse-Normandie et Haute- Bretagne).

Drûz, adj., onctueux : exactement « épais ». Empr. fr. ancien (nominatif) drus « dru ». — Loth.

, adj., noir, mbr. duff, corn. duw > du, cymr. dub > du, vbr. du-glas « bleu foncé » (sous 1 glas), vir. dub, ir. et gael. dubh, gaul. n. pr. Dub-i-s « le Doubs »[2] : soit un celt. *doub-o- < i.-e. *dhoubh-o-, de même rac. que gr. τυφ-λό-ς (tuph-lo-s) « aveugle », ag. dumb « muet », al. dumm « imbécile », ags. dlaf> ag. deaf= al. taub « sourd »[3].

Dubé, s. m., pigeon domestique. Emprunt germanique d’époque et d’origine inconnues (ags. dufe > ag. dooe, hollandais duif)[4].

Dudi, s. m., plaisir. Empr. fr. ancien altéré déduit (cf. diduel).

Duhoṅt, adv., là-bas : exactement « [de] ce côté là »(tù-hoṅt).

Dûḷ, s. m., poignée, poupée de filasse, vir. ddal, « boucle de cheveux, tressage » : soit un celt. *dok-lo- (altéré en br.), apparenté au got. tag-l « poil » et au sk. daç-a « frange », sans autre équivalent[5].

Duman, adv., par ici. V. sous tû et mati, et cf. duhont.


E

1 É, variante, devant voyelle, de la particule verbale éc’h ou éz.

2 É, prép., variante de 1 en avec perte de la nasale[6].

1 Éal, s. m., ange, mbr. ael, corn. ail (voc.) > eal > êl (mais cymr. angel id.). Empr. bas-lat. altéré *agelus, pour angélus empr. gr. ἄγγελος (aggelos).

  1. Le sk. drûh « être malfaisant » = al. trug « tromperie »* est plus voisin comme sens, mais ne concorde pas pour les consonnes, sauf toutefois la possibilité de l’alternance gh : kh étudiée par M. Meillet, Mém. Soc. Ling., X, p. 277.
  2. Le « fleuve noir » ; cf. le Dourdu, près Morlaix.
  3. Cf. la note sous dall.
  4. Le plus voisin serait mbal. tube > al. taube. Mais on ne voit pas trop comment le mot aurait voyagé si loin.
  5. M. Whitley Stockes donne en outre un cymr. dull « pli », dulUio « plier », qui n’existe plus dans ce sens.
  6. On ne donnera les composés par é initial qu’autant qu’ils ne sont pas décomposables à première vue. Il est bien entendu qu’il faut parfois les chercher sous l’initiale muée, quoique la mutation ne soit pas régulière : ainsi éverr « bientôt », sous berr, etc.