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KRENA-KRIBEL

Kréña, vb., se rouler, se vautrer : aussi krénia = *krenn-ia dér. de krenn « se mettre en boule ».

Krenn, adj., rond, vbr. cron, cymr. crwn, vir. cruind, gael. cruinn id. : soit un celt. *kr-undi-, formé comme le lat. rot-undu-s, sur une base signifiant « courbe », qu’on trouvera sous korveṅten.

Kréṅv, adj., fort, mbr. creff, corn. crif, cymr. craff id. : soit un celt. *krem-o-, cf. sk. krám-a « marche », krám-ati « il marche », vikramá « exploit » : sans autre équivalent. — Conj.

Kréoṅ, s. m., toison, mbr. kneau (cf. kraoun), corn. cnêu, cymr. cnaif, vir. cnae id. : d’un celt. *knaw-ī-, cf. gr. ϰνά-ω (kna-ô) « je gratte », ϰνάφ-αλο-ν (knaph-alo-n) « flocon », et br. krévia.

Krés, s. m., chemise, vêtement, cymr. crys, « ceinture, chemise », vir. criss et gael. crios « ceinture » : d’un celt. *krisso- qui parait avoir signifié « [vêtement] du milieu ». V. sous kreiz.

Kreski, vb., croître. Empr. lat. crēsc-ere > *crĕscere.

Kresteiz, s. m., midi, sud : altéré pour kreiz deiz[1]. V. ces mots.

Kresténen, s. f., variante de kristinen. V. ce mot.

Krét, s. m., caution : pour kréd, abstrait de krédi.

Kreûen, kreûṅ, kreunn, s. m., croûte du pain, corn. crevan, cymr. crawen id. : soit un celt. *kreuenno- pour *kreup-enno-, dont la base se retrouve en lettique et germanique[2].

Kreûzeul, s. m., lampe, mbr. creuseul. Emp. fr. ancien croissel[3].

Krévia, vb., tondre : dér. de la forme mbr. de kréoṅ.

Kréz, s. m., variante de krés. V. ce mot.

Krî, s. m., clameur. Empr. fr. cri (cymr. cri aussi, par l’ag. cry).

Krîb, s. f., peigne, vbr. crip, cymr. crip > crib id., mais vir. crich « limite » : d’un celt. *kriqā dont les conditions originaires sont inconnues[4].

Kribel, kriben, s. f., crête, huppe : dér. de krib[5].

  1. Mot demi-savant calqué sur merīdiēs qu’on s’est faussement expliqué par media diēs.
  2. Exemples : lit. kraup-à-s « rude au toucher », lett. kraup-c « escarre d’une plaie », vhal. A/’ « /id. f etc. Donc sans aucun rapport avec fr. croûte < lat. crusta.
  3. En partie germanique ; cf. ag. cruse a petit pot », dont le dimin. a donné fr. rrousequin y ir. crûisgtn et gael. crdisgein. Le type croissel vient de la forme latinisée. Il est encore largement représenté dans les patois : M. Kod l’écrit croïjet en valaisan {Là-Haut, Perrin 1897, p. 321).
  4. Les deux sens pourraient se concilier par celui de « séparation, séparateur » (crible, etc.), si l’on rattachait le mot à la rac. de krouer et kras.
  5. Comme en ag. cock’s comb et en al. hahnen-kamm.