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KORN-KORSALEN

còrn « corne à boire » : soit un celt. *korno- ou empr. lat. cornu[1].

2 Korn, s. m., grondin, cf. hollandais knorhaan, anglais gurnard et le nom fr. lui-même : poisson qui « corne », qui « gronde », qui émet un son ronflant au moment où on le retire de Peau. V. sous 1 korn et kornaouek.

Kornaḷen, s. f., trachée-artère : dér. de 1 korn[2]. Cf. korsaḷen.

Kornaṅdoun, s. m., génie nain, nabot : exactement « nain de ruisseau », dér. de *korr-naṅt. V. sous korr et aṅt.

Kornaouek, s. m., vent d’ouest, ouest : exactement « le cornant, le vent qui joue de la trompe », dér. de 1 korn.

Kornel, s. m., hausse de soulier : dér. de 1 korn au sens de « coin ».

Kornigel, s. f., toupie : exactement « en forme de [bout de] corne », ou mieux « la cornante, la ronfleuse », dér. de 1 korn.

Koroll (C, V.), s. m., danse : abstrait du fr. ancien coroller = caroler « danser en rond », d’où aussi ag. carol « chanson ».

Koroller, s. m., marchand de cuir, tanneur : contamination de *coazreller par fr. corroyeur, et peut-être par calembour sur koroller « danseur ». V. le précédent et koarel.

Korr, s. m., nain, corn. cor, cymr. corr id. : soit un celt. *kor-so-, cf. vir. cer-t « petit », gr. καρ-τό-ς « tondu » (de κείρω), lat. cur-tu-s « écourté, court », vsl. kratŭkŭ id. (dont la rac. est KERT, cf. lit. kert-ù « je coupe »).

Korréen, s. f., courroie. Empr. fr. ancien coreie, et cf. kéfré.

Korroṅka, vb., se baigner : pour gorroṅka, mbr. gou-zroncquet « baigné », cf. cymr. trochi et ym-drochi « immerger », vir. fo-thrucud « bain » : préf. *gw-. et une base celt. *tronk, sans équivalent connu[3].

Kors, s. m., roseau, chalumeau, cymr. et vbr. cors, corn. cors « marais » : pour *korks, vir. curchas et gael. curcais, cf. vir. currech « marais » et lat. cārex « roseau » ; sans autre équivalent appréciable.

Korsaḷen, s. f., gosier ; dér. de kors[4], mais cf. kornaḷen.

  1. La racine était KERÂ, dont l’état normal est représenté par gr. κέρα-ς et al. hir-sch (sous karô), l’état réduit par sk. çf-Aga, got. haûrn (ag. et al. horn) et peut-être lat. cor-nu, l’état fléchi peut-être par lat. cornu et sûrement par celt. *kornO’. Le celt. *karno- (sous karn) montre un vocalisme modifié.
  2. Au sens de « pipe » (forme du larynx), de « trompette » ou simplement de « tuyau » ? La dernière syllabe contiendrait-elle l’élément ail ou eil, comme qui dirait « l’autre tuyau » (le faux gosier) par rapport à l’œsophage ?
  3. On a rapproché lit. trink-ti « laver ». Il est fâcheux que germ *drink- « boire » (got. driggkan, ag. to drink, al. trinken) ne s’y puisse absolument raccorder.
  4. A cause de sa forme tabulaire, sans difficulté.