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KÎL-KINKLA


Kil, s. m., dos, mbr. quil, corn. chil « nuque », cymr. cil, ir. cul, gael. cul « dos » : soit un celt. *kûlo- = lat. culus[1].

Kildrô, adj., inconstant, volage : le sens est celui d’un composé fr. qui serait « tourne-dos ». V. sous kil et trô.

Kilek, s. m., coq (aussi ki(ok), corn. chelioc, cymr. ceiliog, vir. cailech, gaul. Caliacos n. pr. ( ?) : d’un celt. *kal-ydko-, dont la rac. est celle de gr. ϰαλ-έω (kal-eô) « j’appelle », lat. cal-are[2], etc.

Kijéri, s. m., ortolan. Empr. fr. ancien guilleri « chant du moineau »[3].

Kijévardon, s. m., porc frais, mbr. quillevarden (aussi injure) : le premier terme doit être kik, soit donc « viande de Leeuwarden », sobriquet qui peut se rattacher à quelque particularité d’approvisionnement des Bretons pêcheurs dans la mer du Nord. — Conj.[4]

Kilc’ha, vb., cligner, bigler : contamination inverse de blingein.

Kilok, s. m., variante de kilek. V. ce mot.

Kilorou, s. m. pl., avant-train de la charrue [où se trouvent les roues], mbr. guilhorou, etc. : pour *kilc’h-ior-ou, pl. d’un dér. collectif àekelc’h. V. ce motet cf. kichen. — Ern.

Kllvid (C.), s. f., coudraie. V. sous keloez.

Kilvizia, vb., charpenter : dér. de kaloez* V. ce mot.

Kimiad, s. m., congé, adieu. Empr. bas-lat. commeâtus a approvisionne* ment de voyage », d’où vient aussi le fr. congé.

Kiñ, s. m., écorchure, portion écorcée : abstrait du suivant.

Kiña, vb., écoroher, écorcer : dér. de kenn. V. ce mot.

Kiñkla, vb., parer : originairement « orner de bijoux » (cf. kinklérézou « affiquets »), dér. de l’empr. fr. altéré clinquant ou quincaille.

  1. Sans équivalent connu ailleurs. — Dans le composé kildaàt « molaire » (dent de derrière), le second terme régit le premier, conformément à la loi générale indo-européenne ; au contraire, dans kildourn « revers de la main », le premier terme régit le second, à la façon d’une juxtaposition bretonne moderne. Cette observation, qui est faite ici une fois pour toutes, s’applique à un nombre considérable de compositions bretonnes, déstructure et, par suite, d’époque toutes différentes. Il en est qui opposent l’un à l’autre les deux types : dourgi et ki dour « loutre » (chien d’eau).
  2. Bien entendu sans aucun rapport avec ag. to call, qu’on trouvera sous galvaden.
  3. Onomatopée du même genre que filip. V. ce mot.
  4. Non pas que la Frise soit spécialement célèbre pour ses porcs, ni que Leeuwarden fût jamais un port qui en trafiquât ; mais simplement parce que les marins, après avoir longtemps vécu de salaisons, étaient heureux, en prenant terre, de s’y ruer en cuisine et d’y manger de la viande fraîche. — Au point de vue phonétique du moins, cette étymologie bizarre est irréprochable : la gutturale finale a dû disparaître comme dans drou-licet « mauvais teint » ; et l’initiale frisonne du nom de L. est un l suivi de y semi-voyelle, quia sonné aux oreilles bretonnes exactement comme un f mouillé.