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doublé d’un grand poète entreprendra de concilier en une formule suprême les solutions des sectes adverses (p. 74), c’est le Sâñkhya qu’il combinera avec le système qu’il nous reste à étudier.

3. — Mîmâṃsâ et Vêdânta

Comme yoga, et même plus étymologiquement que lui, le mot mîmâṃsâ (dérivé de racine man « penser » ) signifie « méditation » ; mais ici la méditation s’exerce sur de tout autres objets, sur l’esprit des textes, et non sur la nature des choses. La pûrvamîmâṃsâ du maître Jaimini, — ainsi dite par contraste avec l’uttaramîmâṃsâ dont il va être question, — n’est, somme toute, qu’une spéculation ritualiste sur la « première partie » du Véda, c’est-à-dire sur les Védas propres et les Brâhmanas, et les tendances en sont bien suffisamment indiquées par les quelques pages que nous avons consacrées à ces derniers recueils (p. 38). La Mîmâṃsâ les retourne en cent façons, comme fait de la Bible la Kabbale, persuadée qu’ils recèlent toute vérité et qu’il n’est que de trouver la manière de l’en extraire. À ce compte, elle semble devoir être l’orthodoxie même, et elle l’est, nominalement. Mais, dans cette doctrine comme en toute autre. L’Inde a réalisé son tour d’adresse accoutumé et abouti à l’identité des contraires : à force d’orthodoxie, le mîmansiste a pu encourir le reproche d’athéisme.