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et tout s’y réfère. À ce propos, et parce que les compensations pour délit varient énormément, suivant que l’auteur ou la victime est prêtre, guerrier, paysan ou homme vil, le Çâstra énumère à la file les pénalités temporelles, les peines de l’autre vie et les expiations volontaires au moyen desquelles on peut les conjurer. Il en est où se déploie une riche ou ingénieuse imagination.

Autant de grains de poussière imbibe sur le sol le sang d’un brahmane, autant de milliers d’années résidera en enfer l’homme qui a répandu ce sang. (XI, 208).

Le rite expiatoire du « cours de la lune » (XI, 217) mérite bien une mention : le pénitent qui s’y soumet et le commence le jour de la pleine lune, mange ce jour-là quinze bouchées de pâte de riz, le lendemain quatorze, et ainsi de suite en diminuant, jusqu’au jour de la lune nouvelle, où il se contente d’une seule bouchée : puis il augmente la dose selon la même progression, jusqu’à la pleine lune suivante, qui le libère enfin de ce jeune effroyable.

Il y aurait bien d’autres traits de mœurs à tirer de ce recueil de lois ; mais nous ne devons pas oublier que les mœurs, les institutions et les idées n’ont droit de cité dans ce livre qu’autant qu’ils éclairent la littérature ultérieure ; et, pour l’aborder, il nous reste encore une étape semi littéraire à franchir.