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et les plus sévères d’entre elles, obligatoires pour le brâhmane, s’imposent moralement au respect de tout dvija pieux. Un peu avant l’âge de puberté, il entre à l’école, c’est-à-dire qu’il va demeurer auprès d’un maître en science sainte (âçârya, guru) : il est alors novice (brahmacârin), étudie le Véda, rend à son précepteur toute sorte de services domestiques, vaque à l’entretien des feux sacrés et garde la chasteté ; chaque jour, il fait sa ronde dans les villages d’alentour, mendiant les aliments et le combustible nécessaires à l’entretien de la maison. Sorti de l’école, il se marie et entre dans l’état de grhastha « maître de maison » : il doit le sacrifice aux Dieux et aux ancêtres défunts, l’aumône aux religieux mendiants, l’hospitalité à quiconque passe son seuil. Ses enfants devenus grands et capables de se suffire, il embrasse le troisième stade de sa carrière : il se fait ermite (vânaprastha), se retire dans un bois et y médite dans la solitude : les exemples ne manquent point, dans la légende épique, de rois âgés qui abdiquent en faveur d’un héritier et quittent une cour somptueuse, pour passer au désert leurs dernières années, y vivre de racines et d’eau. Enfin, dans son quatrième état de perfection, le brâhmane est bhiksu[1] « mendiant » : appuyant sur un bâton sa marche chancelante,

  1. C’est le titre d’honneur que se décerneront plus tard les membres de la communauté bouddhique, à qui l’obligation de mendier leur pain s’impose durant toute leur vie.