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particulièrement, on le verra, du Yoga ; et ces systèmes, qui sont, eux aussi, des Çâstras dans la nomenclature indigente et confuse de la littérature sanscrite, ont trouvé dans les ouvrages dits Çâstras leur expression la plus ancienne et la plus adéquate. En d’autres termes, pour comprendre à fond le bouddhisme, il est indispensable de porter d’abord ses regards sur une évolution de la pensée et sur un état social qui ne nous sont attestés que par des documents post-bouddhiques, mais sont de beaucoup antérieurs aux ouvrages qu’ils ont inspirés.


1. — Époque et esprit des Çâstras


Le mot çâstra signifie ou « doctrine » ou « traité » : les Hindous n’y font point de différence. Naturellement il peut s’appliquer à tout ordre de connaissances ; mais, en tant que livres d’autorité canonique, il ne vise que les Dharma Çâstras, « codes de moralité » ou « de légalité », comme on voudra ; car ces deux idées, elles aussi, se confondent dans l’Inde, où les simples obligations morales sont de devoir strict comme les relations légales, et où les sanctions pénales des délits ressemblent de bien près aux nombreuses expiations prescrites aux pécheurs. En fait, les Çâstras, dont vingt au moins sont connus et qui ont existé en bien plus grand nombre, sont de véritables encyclopédies religieuses, morales et juridiques, pour la plupart très déve-