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3. — Le style védique


C’est à dessein que je n’ai pas écrit « composition et style ». À aucune époque la littérature hindoue ne s’est fort souciée de composer ; moins encore à ses débuts. Une pièce qui ait an commencement, un milieu et une fin, quelque chose de comparable à la belle ordonnance classique, c’est dans les hymnes védiques une rare exception, peut être un heureux accident. La plupart semblent des séquences de stances rapportées au hasard : quelques uns le sont en effet : et, même pour ceux qui ne le sont pas, l’interpolation avait beau jeu dans leur tissu lâche ; elle y a foisonné sans grand dommage. Les idées, les images se suivent sans enchaînement rigoureux ; il semble qu’un coup de baguette les évoque pour les faire aussitôt évanouir. Au risque de paraître surfaire ce qu’on admire, il faut oser écrire que, pour certains esprits du moins, cet imprévu de tous les instants est une séduction de plus.

De la versification je ne saurais que dire : elle est prestigieuse, mais indescriptible à qui ne la sent point ; il faut lire soi même, se laisser emporter ou bercer à ses vagues nombreuses. C’est Homère, par le retour à temps égaux d’une même courte cadence ; c’est Pindare, par la superbe ruée de la période, qui parfois semble vouloir briser les bar-