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les hymnes se font beaucoup moins nombreux, beaucoup plus longs et se mélangent de morceaux de prose, dans les onze livres suivants, où la magie, sans disparaître, passe tout à fait à l’arrière-plan : la première place est ici à la liturgie et à la théosophie. Le livre XIV, notamment (2 hymnes), est un rituel nuptial, le livre XVIII (4 hymnes), un rituel funéraire, qui semblent tous deux compilés du Rig-Véda, et presque aucun des onze livres ne dépasse un total de dix hymnes. Le chiffre remonte et la magie reprend tous ses droits avec le livre XIX (72 hymnes), mais l’intérêt est épuisé : comme texte, c’est l’incorrection même ; comme fond, une sorte de paralipomène où ne traînent que des charmes de rebut. Le livre XX, enfin (143 hymnes), sauf une fin assez originale, n’est qu’un bréviaire composé, à l’usage de l’un des seize prêtres officiants, d’extraits en général insipides et littéraux du Rig-Véda. D’ensemble, l’Atharva Véda compte 733 pièces, qui font en nombre rond un total de 5700 stances ou versets.

Les poètes, quels qu’ils soient, du quatrième Véda s’élèvent rarement au dessus d’une honnête médiocrité ; mais le recueil rachète amplement cette infériorité esthétique par l’intérêt humain qui s’attache à ses sobres peintures. Sans lui, nous ne saurions rien, que par divination, de l’existence intime de l’Ârya, de ses mœurs, de ses superstitions, de ses menues pratiques : le sorcier médecin,