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Restent donc, comme représentants de la production vraiment littéraire de l’âge védique, le Rig Véda, « livre des vers »[1], et l’Atharva-Véda, nommé d’après ses auteurs mythiques.

Les hymnes du Rig Véda n’étaient point chantés, mais récités sur un ton solennel et élevé, avec exacte observation de l’accent et de la quantité des syllabes, par le principal officiant du sacrifice de sôma ou par l’un de ses acolytes. Ils sont au nombre de 1017, très inégalement répartis entre dix livres : les doux livres les plus longs (I et X) en comptent chacun 191 ; le plus court (II), 43 seulement. Les hymnes, à leur tour, varient beaucoup en étendue, de 2 à 3 stances jusqu’à 50 et davantage : soit en masse environ 10 000 stances de trois ou quatre vers chacune. Pas n’est besoin d’insister sur ce qu’un pareil total suppose de fatras, de redites et de remplissage : même en écartant résolument tout souvenir du goût occidental et des chefs d’oeuvre classiques, il est difficile de pardonner à ces bardes sacrés l’ennui lourd qui se dégage de plus d’une de leurs pages ; en particulier, le livre de Sôma (IX) n’est qu’une interminable enfilade de lieux communs, toujours les mêmes, véritable tour de force d’amplification banale, qu’il faut recommander aux jeunes sanscritistes de fuir avec terreur, s’ils ne veulent se

  1. Exactement rgvêda, du mot re « stance » ; mais la forme francisée du mot est trop bien passée en usage pour qu’on puisse sans pédanterie y rétablir l’r voyelle.