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CONCLUSION


Partis du Véda des vieux brahmanes, haute crête sillonnée par la foudre d’Indra ou figée dans la sereine majesté de Varuna, et descendus jusqu’aux bas-fonds de la farce populaire où l’on roue de coups leurs descendants dégénérés, peut être pouvons nous nous flatter d’avoir parcouru toute la gamme de l’esprit hindou, sinon d’avoir réussi à en faire chanter tous les accords complexes et toutes les subtiles dissonances. Il ne faudrait pas, cependant, nous en laisser imposer par la chronologie : il y a eu, sans aucun doute, dès le temps du Véda, une littérature légère, orale du moins ; et les temps modernes n’ont pas manqué, tant s’en faut, d’œuvres graves et profondes. Seulement, la première ne nous est point parvenue, ou à peine, — il y a bien quelques amusettes semées à travers le canon liturgique, mais aisément on les compterait ; — et les autres, plus ou moins imprégnées, suivant l’époque, d’esprit grec, persan, arabe, européen, ne sauraient passer pour refléter à nos yeux la pensée spontanée de l’Inde authentique, traditionnelle et sans mélange.